The hole de Tsai Ming-liang

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D’une commande d’Arte et Haut & Court aux cinéastes “L’an 2000 vu par…” Tsai Ming-liang en draine l’intemporalité incarnée. Des craintes du jour de colère au voyeurisme grandissant, de l’incommunicabilité urbaine aux angoisses viscérales.

The Hole est une œuvre universelle en souffrance. Tsai Ming-liang en démiurge accable l’île de beauté d’un déluge apocalyptique suppliciant à “la goutte d’eau” des êtres lyophilisés (“l’art des nouilles instantanées” propagé médiatiquement comme les affres de la mort). Lee Kang-Sheng et Yang Kuei-Mei anonymes “c’est vous l’appartement 804 ? ” dans ce 8 claustrophobique en quarantaine s’évadent d’instants fantasmatiques faits d’artifices scéniques (fumigènes, poursuite, ventilateur…) où Ge Lan (chanteuse à succès des années 50) balaye de sa voix la pollution sonore des flots continus (l’eau, les poubelles). Créateur d’iconographie de la condition humaine et des douleurs modernes, Tsai Ming-liang signe une comédie musicale conceptuelle et symbolique. The Hole est ainsi judas, porte, orifice sexuel… L’eau joue du paradoxe destructeur/salvateur tandis qu’un extincteur matérialise l’être désiré au point qu’on l’invite chez soi… Une latente animalité (cafard, singe…) pour deux concubins forcés concupiscents, que des effluves d’érotisme peu tangibles (la tapisserie, la jambe insinuante, la main dépersonnalisée, la serviette à la bouche…) appâtent l’un à l’autre. Une œuvre de tout temps associable à chaque événement, du tsunami à la vache folle en passant par la star’ac. Louable initiative donc de la part de MK2 d’éditer, certes 7 ans après sa sortie, l’une de ses œuvres, dans l’espoir que les autres ne nous parviennent pas au goutte à goutte. Cela dans une séduisante édition collector quelque peu indigente, seulement 8 mn d’entretien (enrichissantes), les chansons de Grace Chang extraites du film.

Éditeur : MK2

Pays : Taiwan

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