Terorisuto de Maffre et Ruiz et Yan de Chang Sheng paraissent chez Glénat.

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À la fin des années 60, tous les jeunes du monde entier se sont donné la main pour refuser la société que leurs aînés leur imposaient. Au Japon, comme ailleurs, ils ont envahi les rues et ont paralysé le pays, animés qu’ils étaient par un idéal de révolution marxiste. Face à l’inflexibilité du gouvernement, certains se sont radicalisés et lancés dans une série d’attentats pas toujours réussis d’ailleurs. À l’instar de Mitsuyasu Maeno, apprenti kamikaze, qui s’écrase à 30 mètres de sa cible.

C’est cette spirale fanatique que narrent Frédéric Maffre au scénario et François Ruiz au dessin dans ce roman graphique Terorisuto, la révolution selon Kozo Okamoto. Au travers d’une narration très/trop alambiquée, on ne sait jamais qui raconte, ils montrent le terrorisme à la japonaise. Avec des meurtres tous azimuts, les querelles de clochers et les purges absurdes ; il n’y a pas d’angélisme. Les faits sont bruts et pas vraiment glorieux. Les protagonistes finissent d’ailleurs très mal pour la plupart.

Seule émerge la haute stature de Fusako Shigenobu. Très vite, elle a quitté le Japon car c’est au Moyen-Orient que l’action se déplace. Les révolutionnaires nippons embrassent la cause palestinienne et marquent les esprits. Le pâle Kozo Okamoto (du sous-titre) « est à de nombreux égards un pauvre type » n’hésite pas à dire Maffre en interview. C’est, notamment, lui que l’on suit, un peu avant, pendant et après ses actes meurtriers.

Le dessin tout en couleurs de Ruiz est dense, dynamique et assez classique pour ce sujet « casse gueule ». Il est très cinématographique dans les attaques kamikazes au sol ou dans les airs.

Reste un malaise à la fin de la lecture. L’Armée Révolutionnaire Japonaise, comme ses sœurs allemande, italienne ou basque, s’est retrouvée dans une impasse, ensanglantée, sans réussir à fonder cet ordre nouveau ni au Japon ni ailleurs.

Dans le même temps paraît, toujours aux éditions Glénat, le 3ème tome de Yan du Taiwanais Chang Sheng. Il marque la fin de la trilogie d’un seinen qui parvient à renouveler le genre en alliant tradition, ici le jeu de go, et la science-fiction. Chang Sheng est aussi un fin dessinateur.

Notons que les 3 auteurs sont présents au festival d’Angoulême.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

Terorisuto, la révolution selon Kozo Okamoto de de Maffre et Ruiz, 136 pages, 198 X 266 mm, 22,50€, collection Karma, éd. Glénat. En librairie le 15 janvier 2025.

 

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