Il existe de nombreuses façons de passer ses vacances en Indonésie. Celles de Monsieur Barrel, le héros du roman Meurtre à Uluwatu d’Éric Buvelot sont des plus dépaysantes. C’est peu dire.
Si pour notre compatriote sentimental son séjour commence on ne peut mieux, sa suite va le propulser dans les affres de la culpabilité et des regrets éternels.
En effet, il tombe amoureux d’une jeune et belle Javanaise. Il en est tellement épris qu’il compte rentrer à Paris avec elle une fois que les formalités d’immigration de sa dulcinée seront réglées.
C’est à partir de ce moment que leur relation va se détériorer. Non seulement la jeune femme ne parvient pas à obtenir ses papiers, mais pire encore, elle disparaît sans crier gare.
C’est par hasard qu’il reconnaît sa photo sur un avis de recherche paru dans le journal local. Aussitôt, il se précipite à la police pour confirmer l’identité de la malheureuse morte.
Mal lui en prend, Iskandar Sawidra, l’inspecteur général de la police de la ville de Denpasaren le prend en grippe. Toute son enquête va le conduire à charger l’étranger. Pour s’en sortir, Barrel n’a pas d’autre solution que d’entreprendre ses propres recherches. Les divers personnages plutôt louches qu’il poursuit semblent plus l’enfoncer que l’innocenter. Avec ses moyens limités, saura-t-il échapper aux menaces qui l’enserrent inexorablement ?
Éric Buvelot déploie pour nous l’Indonésie qu’il connaît très bien (1). S’il sait fort bien valoriser ce pays, il n’est pas dupe des défauts qui l’engluent. La prostitution est clairement développée dans son récit sans pour autant juger ses personnages. Bien au contraire, il développe une subtile analyse qui conduit ces trop jeunes femmes à se vendre dans un pays pourtant musulman. Là où il va plus en profondeur dans sa critique, c’est sur les nombreux arrangements des Indonésiens avec la loi. Ce phénomène va des compromissions des petites gens sans grande conséquence jusqu’au plus haut de la hiérarchie policière. Là où les conséquences s’avèrent autrement plus dramatiques pour les victimes comme notre héros français.
Pour ce qui est de l’aspect mystérieux de Bali, le lecteur en prend connaissance au travers des mythes et légendes développés par l’auteur avec une grande finesse de mise en scène.
Un ouvrage à l’histoire fort bien équilibrée entre sa construction policière et documentaire. Ce qui assure un dépaysement vivifiant au lecteur.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) À noter du même auteur, un livre d’entretien avec Jean Couteau sur l’Indonésie paru aux éditions Gope : Bali, 50 ans de changements.
Meurtre à Uluwatu d’Éric Buvelot, 218 pages, 20€, éd. Gope. Sur le site gope-editions.fr