Talentueux touche à tout, Frédéric Kelder habite en Thaïlande. À travers ses chroniques issanaises, pleines de tact, il nous convie à partager sa passion pour le pays du sourire.
Aussitôt débarqué à Bangkok, il nous transporte sur le Chao Phraya, le principal Khlong (canal) de la capitale. Nous voguons au fil de l’eau jusqu’en banlieue. Là il nous fait découvrir l’intimité digne d’une famille endeuillée. En effet, New, le fils de huit ans gît sur son lit. Il a été mortellement piqué par un moustique pour la deuxième fois de sa brève vie. Il lui a transmis la dengue. Le « mauvais karma » de ceux qui habitent les slums (bidonvilles). La résignation se lit sur tous les visages de ses proches.
Toutefois, les habitants de l’Issan ne se laissent pas happés par la fatalité. En effet, il nous convie à les côtoyer dans leur quotidien. Bien que thaïlandaise, cette région du Nord-Est n’en est pas moins reliée au Laos avec qui elle partage la même langue, mâtinée de thaï, et la même culture. La pauvreté n’empêche personne d’avoir une vie honorable. Yaï Long espère même, chaque semaine, gagner gros à la loterie.
Marquée par la mousson, toute la région subit de plein fouet le changement climatique. Soit il y a trop de pluie soit on l’attend en vain, comme dans il faudra acheter du riz, peut-être.
Sur les chemins de l’Issan, ce chaleureux petit livre au format italien est publié par les éditions Gope. Fidèles à leur démarche d’ouverture au monde, une nouvelle fois, elles rendent compte des lieux ignorés du Sud-Est asiatique. Pour cela elles se servent autant de la fiction (1) que du documentaire.
Pour notre plus grand plaisir esthétique, chaque chronique est accompagnée d’une photographie noir et blanc à la beauté surannée. Sans ostentation, elles nous permettent de ressentir plus fortement la plénitude des habitants de l’Issan. Nous visualisons grâce à elles, un monde en train de s’effacer dans la dignité, comme dans Somphan et ses buffles.
Un livre écrit avec une passion douce et donc très agréable à lire avant de partager sur place d’autres rencontres aussi généreuses que sincères.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) Lire nos chroniques sur d’autres parutions des éditions Gope : https://asiexpo.fr/cest-arrive-a-singapour-dalain-guilldou-parait-chez-gope-editions/ ; https://asiexpo.fr/les-nobles-de-dokmai-sot-est-paru-chez-gope-editions/ ; https://asiexpo.fr/un-os-dans-le-riz-une-enquete-de-linspecteur-prik-de-jeff-pangkhan-est-publie-editions-gope/ ; https://asiexpo.fr/kuala-limpure-de-brian-gomez-sort-aux-editions-gope/ et https://asiexpo.fr/aller-simple-pour-nulle-part-de-daniel-bouillot-parait-chez-gope-editions/.
Sur les chemins de l’Issan, chroniques thaïlandaises douces-amères, Frédéric Kelder, 84 pages, 14€ livraison comprise via le site www.gope-editions.fr.