L’an 1242 marque la dernière grande invasion des hordes venues de la steppe mongole. Celles-ci commencèrent en 451 avec l’échec d’Attila aux champs Catalauniques, où le Romain Aetius l’arrêta. En effet, pendant huit cents ans l’Occident est en ligne de mire des intrusions belliqueuses des nombreux peuples issus d’Extrême-Orient. Souvent ceux-ci étaient délogés par d’autres ethnies plus vindicatives qu’eux. Sans territoire, les perdants n’avaient d’autre solution que d’en conquérir un nouveau plus à l’ouest. Ce qui chassait continuellement les populations locales vers cette direction. D’autres fois, seul le butin attirait ces intraitables guerriers. Très souvent, les riches cités sédentaires succombaient aux raids de ces cavaliers-archers.
Une fois leurs forfaits perpétrés, les tartares (nom générique des envahisseurs venus de l’est) s’en retournaient chez eux pour revenir quelques décennies plus tard. Ou bien c’était d’autres peuplades apparentées qui prenaient le relais.
Advint ensuite la lignée des gengiskanhides. Parti de rien Gengis Khan édifia le plus grand empire de tous les temps : de la Chine, à l’est, jusqu’aux marches de l’Occident. Bien que de courte durée (1206-1260), il bouleversa l’Eurasie pour longtemps. Il s’en fallut de peu, d’ailleurs, que l’Europe centrale ne succombât aux guerriers des descendants du grand conquérant.
Ce qui étonne par dessus tout, dans l’essai d’Arnaud Blin, c’est la quasi invincibilité de ces peuples. Jamais ils ne subirent la moindre défaite notable qui put remettre en question leur suprématie. De nombreux paramètres sont clairement décryptés par l’auteur. Tout d’abord, les armées mongoles se déplaçaient toujours avec armes et bagages et surtout d’immenses troupeaux (chevaux bien sûr, mais aussi chèvres, brebis, etc…). Ce cheptel leur assurait une autonomie quelque soit l’endroit où elles se répandaient. Par ce moyen elles se projetaient sur de très longues distances sans avoir à dépendre d’un hypothétique ravitaillement.
De plus pour assurer une circulation rapide des informations vitales pour son empire, Gengis Khan édifia un système de relais de chevaux avec lesquels ses messagers avaient priorité sur toute autre considération que leur mission. Non seulement les Mongols restaient désormais dans les pays conquis, mais surtout, ils intégraient leurs anciens ennemis dans leurs contingents.
En outre chaque membre de la famille gengiskanhide (homme ou femme) était à la tête des nouveaux territoires. Ce qui conférait aux invasions un air d’entreprise familiale. Et tandis que les femmes vaquaient aux tâches quotidiennes, les princesses en charge d’une contrée déchargeaient les hommes de cettte tâche afin qu’ils se concentrent sur d’autres conquêtes.
Sans parler de leur méthode de combat totalement incompréhensible pour leurs adversaires…
D’une expertise incontestable, l’ouvrage d’Arnaud Blin nous place au plus près de ces guerriers intrépides et exceptionnels. Il se lit comme un grand roman épique, passionnant de bout en bout. Il contredit à merveille la vision chinoise ainsi que celle des Croisés qui les considéraient comme des barbares.
Comme on peut le comprendre, le danger pour l’ouest est toujours venu de l’est. Et cette menace perdure…
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Les conquérants de la steppe, d’Attila au khanat de Crimée V-XVIIIème siècle d’Arnaud Blin, 368 p., 23€, éd. Passés / Composés. En librairie le 1er septembre.