On ne compte plus les adaptations des œuvres de Liu Cixin, l’écrivain chinois de science-fiction le plus connu (1). Auréolée de nombreux prix littéraires, sa célèbre trilogie Le Problème à trois corps, rééditée tout récemment aux éditions Actes Sud, fait aussi l’objet d’une mini-série Netflix de 8 épisodes. Et voilà que son adaptation en bande dessinée se poursuit. C’est l’œuvre d’un studio d’illustrateurs chinois dirigé par XuDong Caï, sous l’étroite supervision de Liu Cixin himself et validée par un comité d’experts scientifiques, rien qu’ça ! Et pour la traduction française, le même que pour l’édition du roman.
Après une entrée très facile dans le 1er tome où l’on avait laissé le professeur Wang Miao découvrir le jeu des 3 corps : « three-body », il décide d’y retourner pour tenter de comprendre ce qui se joue derrière les fameuses ères. Autant d’époques historiques qui apportent leurs grandes théories sur la mort des civilisations et les graines de nouvelles qui germent.
En effet, l’enquête du commissaire Shi s’enlise. Et tandis que Wang Miao se pose de grandes questions philosophiques, il est plus pragmatique voire terre à terre. Mais les 2 se complètent pour aboutir aux mêmes conclusions : la mère de la dernière scientifique suicidée : la professeure Ye Wenjie peut leur être d’un grand secours. Elle a participé, dans les années 60, à un programme ultra secret qui utilisait un émetteur radio orienté vers l’espace et dont le but était d’envoyer des signaux pour « trouver des civilisations extraterrestres et établir le contact ». Y a-t-il une relation entre ces recherches abandonnées dans les années 80 et les clignotements observés une nuit sur les écrans radars ? Loin de s’éclaircir, le mystère s’épaissit mais l’on a quelques pistes au sujet du problème à 3 corps grâce au personnage attachant de Wei Cheng, un surdoué en mathématiques qui devient lyrique en le découvrant. On touche alors à la poésie !
Et le dessin embrasse cette métamorphose. Il s’affranchit du réalisme. Et de magnifiques représentations pleine page de ce problème astronomique donnent vie aux différents stades des recherches de Wei Cheng. À la fois floues et lumineuses, elle constituent une véritable « galerie d’art post moderne ».
Du bel ouvrage qui vous embarque autant dans la réalité que dans le jeu que représente ce « problème à 3 corps ». Vivement septembre pour la découverte du 3ème tome !
Notons que sort, dans la même collection, le Livre 2 des Royaumes ardents de Tasha Suri. Après Le trône de jasmin qui fut un triomphe, voici L’épée de laurier rose (2). La jeune autrice indo- britannique y déploie son imaginaire luxuriant, nourri aux épopées mythologiques indiennes. Elle instille aussi une vision assurément féministe qui convoque l’enthousiasme.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) Lire nos chroniques : https://asiexpo.fr/les-futurs-de-liu-cixin-adaptes-en-bande-dessinee-aux-editions-delcourt/ ; https://asiexpo.fr/l-ere-des-anges-de-sylvain-runberg-et-ma-yi-parait-aux-editions-delcourt/ ; https://asiexpo.fr/lattraction-de-la-foudre-de-thierry-robin-parait-aux-editions-delcourt/ et https://asiexpo.fr/le-calcul-du-papillon-de-dan-panosian-parait-aux-editions-delcourt/
(2) Les Royaumes ardents, Tasha Suri. Livre1 : Le trône de jasmin ; livre 2 : L’épée de laurier rose. Traduction de Thibaut Eliroff. Coll. Rayon imaginaire, éd. Hachette Heroes..
Le problème à 3 corps 2. Les graines de la civilisation de Liu Cixin, traduit du chinois par Gwenaël Gaffric, 384 pages,25€, coll. Rayon Imaginaire, éd. Hachette Heroes.