TRILOGIE DE LA JEUNESSE : Enterrement du soleil, Ville d’amour et d’espoir, Contes cruels de la jeunesse de Nagisa Oshima

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Ce qui rend le cinéma d’Oshima si attractif tant pour les passionnés de cinéma japonais que pour les néophytes adeptes de la Nouvelle Vague tient beaucoup à l’engagement du réalisateur. La ligne déjà bien caractéristique des images réalisées forme un couple remarquable avec une véritable vision sociologique.
La trilogie de la jeunesse trouve son retentissement dans le malaise chronique d’une classe d’âge à qui on demande beaucoup en échange de presque rien.
Dans “Ville d’amour et d’espoir”, premier film réalisé en 1959, cette condition difficile de la jeunesse est associée à celle de la classe sociale. Masao vit à Tokyo avec sa mère et sa petite sœur. L’argent gagné en cirant des chaussures dans la rue ne suffit pas. Avec les deux seuls pigeons achetés pour faire un peu sourire sa petite sœur, Masao compte gagner un peu plus. Malheureusement pour sa droiture morale, son plan est une arnaque. De plus, les opportunités de travail ouvrier mettent ses études (chance de changer de vie, selon sa mère) au second plan. Etudier ne lui rapporte rien : pas de riz, pas de médicaments. Oshima construit un regard sans concession en déjouant l’écueil du bon personnage valeureux et la pitié fatale qui va avec.
“L’enterrement du soleil” est formellement plus violent. C’est l’immersion dans les quartiers malfamés, là où une espèce de mafia recrute des jeunes déçus par le marché du travail qui trouvent dans cette organisation un revenu aléatoire mais aussi un peu d’espoir. Mais le prix à payer pour des finances un peu moins étranglées est incommensurable. On peut perdre le respect de soi et son indépendance.
“Les contes cruels de la jeunesse” (1960), est le théâtre d’amours tantôt tendres tantôt prédateurs. Rien à voir avec la passion inconstante dont on affuble les jeunes amants. Oshima décrit finement l’impact de la tension exercée par la société dans ses carnets de notes (bonus). Le conformisme nocif de la structure sociale est le dénominateur commun de la trilogie. Autre bonus précieux et habituel dans les coffret Carlotta : une analyse d’un spécialiste du cinéma (ici, Umemoto).

C’est un nouveau plaisir de découvrir un tel coffret. L’appétit s’ouvre avec la consécration du regard artistique et sociologique du réalisateur. Le thème de la jeunesse est fédérateur, touchant. A voir ou à revoir, à fleur de peau.

Acteurs : Hiroshi Fujikawa, Yuki Tominaga, Yuko Mochizuki…

Éditeur : Carlotta Films

Pays : Japon

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