Ces poèmes chan (zen en japonais) sont apparus en Chine avec les moines bouddhistes errants venant de l’Inde, au IVè siècle. Ils s’installent dans des ermitages retirés pour pratiquer un bouddhisme méditatif au plus proche de la nature (à la différence des confucianistes qui sont orientés vers la culture et l’organisation de la société chinoise) afin de parvenir à l’éveil. La poésie est une aide pour retranscrire leurs méditations. A travers de nombreuses métaphores poétiques ou didactiques, ils donnent à penser que l’éveil est en fait en chacun de nous, qu’il faut le faire émerger par cette méditation et cette connaissance de soi.
Cette riche poésie trouve, en Chine, une forte pensée taoïste avec laquelle elle va interagir avec notamment des notions comme le « non agir » ou bien la « vacuité des choses ».
L’ouvrage nous offre ainsi un beau panorama de la poésie chan allant du IVè au XVIIIè siècle, traduite avec simplicité et humilité par Jacques Pimpaneau et richement illustrée d’estampes, de peintures et de dessins d’époque. Un glossaire explique les principaux termes bouddhistes trouvés dans les poèmes.
Un ouvrage de poche à garder toujours sur soi tant il nous ouvre sur le monde et sur nous-mêmes !
A titre d’exemple, ce petit poème de la nonne Monuni, de date inconnue :
Tout le jour j’ai cherché le printemps sans le voir,
J’ai chaussé mes sandales et couru la région.
Au retour j’ai souri en sentant un prunus :
Le printemps sur la branche s’y trouvait au complet.
Et paradoxalement, ce poème bouddhiste s’intitule « Conscience du Tao »… A méditer donc !
Camille DOUZELET