MONSTRUEUX de Natsuo Kirino

Chroniques tous | défaut | livres

“Out” nous avait déjà séduit. “Monstrueux” se trouve dans la même veine mais en plus cynique. En toile de fond un double meurtre, tout autour duquel se tisse la narration. Tel un journal intime, écrit à la première personne sur un ton de confidence comme pour créer un malaise encore plus grand, le lecteur se sent rapidement pris de vertige et de dégoût. La narratrice, une Japonaise de 39 ans, métis (son père est suisse), s’attarde à décrire sa famille, ses pairs (on ne peut parler de véritables amitiés) dans les moindres détails avec la précision d’un scalpel, essayant ainsi de les disséquer pour en retirer toute la noirceur, la perversité ou la fragilité humaines. S’étend alors un univers morbide fait de rivalité, de haine et de désespoir où l’amour n’a pas sa place. L’assassinat de sa sœur et d’une ancienne “camarade de lycée” (à un an d’intervalle) n’est que prétexte à une longue plaidoirie autour de l’image de la femme japonaise voire de la femme, particulièrement mise à mal ici et ceci dans son rapport à l’homme – qui lui-même, n’apparaît pas sous ses meilleurs atouts – et dans une quête impossible de reconnaissance sociale. Méchante et cruelle sont les deux qualificatifs qui lui sont souvent attribués selon ses interlocuteurs. Apparemment désaffectivée elle dérange par sa manière d’être, de vivre et de rapporter les événements. Aucune lueur d’espoir n’émerge jusqu’à la fin qui laisse le lecteur coi.

Des portraits noirs peints sans complaisance ni compassion ! Personne n’y échappe. Tout le monde passe au crible de la plume acérée, cruelle et froide de Natsuo Kirino qui semble régler ses comptes avec la société japonaise en crise avec ses valeurs de référence. Fascinant et effrayant à la fois !

Éditeur : Seuil collection thrillers

Pays : Japon

Évènements à venir