Journaliste et écrivaine, Xinran a consacré une large part de sa vie à la cause des femmes en Chine, notamment par le biais de son émission « Mots sur la brise nocturne » à la radio chinoise. Ce nouvel ouvrage, Xinran dit avoir eu beaucoup de mal à se décider à l’écrire… et on la comprend. Destiné en premier lieu aux petites chinoises adoptées ces trente dernières années à travers le monde, il rapporte en dix chapitres dix récits de femmes, histoires déchirantes et tragiques d’abandons, d’infanticides et témoignages de ces mères chinoises qui ont connu une souffrance que l’on peine à s’imaginer.
Plus que de journalisme, il s’agit ici avant tout d’un ouvrage populaire. Merci d’ailleurs à Picquier d’avoir choisi cette très belle image de la jeune photographe chinoise Liu Xiaofang, présente à Arles cette année, au lieu de la kitschissime couverture de l’édition anglo-saxonne! Xinran mêle ainsi aux récits ses impressions, ses réactions et des bribes d’analyses au fil de ses enquêtes et de ses interviews. Parfois gênantes, ces interventions n’enlèvent en rien à la puissance des récits, à l’intérêt et même au sens, sur un plan humain (avant tout), mais aussi historique et social, d’un tel ouvrage. Le résultat du déchirement de la Chine entre une tradition archaïque et la pensée révolutionnaire communiste, pire des combinaisons imaginables, est ahurissant : tabous, ignorance, endoctrinement et corruption semblent n’avoir épargné personne, des plus pauvres aux plus riches, et le livre donne ainsi quelques clés pour mieux comprendre la Chine d’aujourd’hui.
Précieux, voire indispensable témoignage et message d’amour à destination des enfants adoptés, « Messages de mères inconnues » est aussi un bouleversant recueil pour tous.
Éditeur : Picquier
Pays : Chine