Dai Sijie… Nous le connaissons fort bien ! Réalisateur, écrivain, au succès croissant… il vient d’obtenir le Prix Femina avec ce dernier livre. Déjà, pour ne citer que ses créations littéraires, “Balzac et la petite tailleuse chinoise” traitait courageusement et admirablement de la Révolution Culturelle et de l’accès à la Littérature Française… Son 2e roman se situe dans l’Après Révolution, de nos jours, et aborde là encore un thème très fort : La Psychanalyse au Pays de Mao. Le contexte politique n’est pas négligé (liberté d’expression, corruption de la justice, malaise social…). Muo, “la tête bien pleine”, après des études en France rentre en Chine pour exercer comme psychanalyste ambulant avec pour mission de délivrer les âmes en recueillant les rêves des uns et des autres. Mais sa priorité première (qui a tendance à se perdre au milieu de ses 1001 péripéties) reste avant tout la libération de sa bien aimée (incarcérée pour avoir diffusé des photos reportages). À travers l’écoute et l’interprétation (sauvage) des rêves, Muo essaie de trouver la “perle rare” pour “soigner” ou plutôt satisfaire le complexe du Juge Di… Peut être aussi pour dépasser ses propres inhibitions. Eh oui car lui-même peu à l’aise avec sa propre libido, il a bien du mal à gérer ses propres fantasmes, affects et angoisses. Il pédale (dans tous les sens du terme) dans une Chine en pleine mutation qu’il ne reconnaît parfois plus lui-même… Et de situations rocambolesques en situations cocasses, il se trouve engagé dans des rencontres troublantes. Il n’est pas certain que Freud reconnaisse ici sa théorie de l’Interprétation des Rêves mais peut être qu’il prendrait grand plaisir à asseoir Muo sur le divan pour une nouvelle étude de cas…
Dai Sijie, dont l’écriture acquiert une réelle maturité, nous brosse ici un portrait amer et sans complaisance de la société chinoise actuelle en crise de mutation. Nous attendons avec impatience son prochain livre…
Éditeur : Gallimard
Pays : Divers