Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique de Balli Kaur Jaswal paraît chez Belfond.

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De nos jours, à Londres, la jeune Nikki a décidé d’assumer son indépendance. Elle vit seule, séparée de sa famille , chose rare chez les Sikhs. Travaillant dans un pub, elle répond à l’annonce d’une association sikhe pour animer un atelier d’écriture. Sans expérience aucune, elle se lance dans la préparation du projet. Mais face à un auditoire purement féminin, quasi analphabète, et d’une moyenne d’âge de bien 60 ans, elle doit accepter la nouvelle orientation que prend l’atelier. Les femmes racontent des histoires érotiques qu’elle est obligée de retranscrire sans rien dire à ses supérieurs ! Petit à petit, à cause de cet atelier, Nikki est confrontée à des résistances dans sa communauté suite à d’étranges meurtres et suicides de jeunes filles. Elle entreprend alors une enquête qui la mène au bord de la tombe !

A travers l’histoire d’un banal atelier d’écriture, Balli Kaur Jaswal ausculte la société sikhe dans sa complexité à coexister avec les valeurs occidentales. Les femmes doivent se soumettre, sous peine de rejet voire de mort. Et c’est là l’extrême habileté de l’auteure : nous immerger dans un monde futile pour mieux nous entraîner dans une communauté conflictuelle. La construction est donc subtile. L’écriture est fluide et le roman est un agréable objet de manipulation. On ressort de sa lecture à la fois diverti, mais aussi imprégné d’un monde fort intrigant où la religion, la tradition et les hommes sont tout puissants.

Belle découverte que ce 1er roman traduit en français de cette jeune auteure (elle en a écrit 3 en tout) née et vivant à Singapour.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique , Balli Kaur Jaswal, traduit de l’américain par Laurence Videloup, Belfond, 352 pages, mai 2018, 21€.

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