Mo Yan n’est plus à présenter, remarquable écrivain chinois contemporain maintes fois chroniqué dans Asie News avec des romans tels “Le maître a de plus en plus d’humour”, “La melopée de l’ail aphrodisiaque”… Plus de 80 nouvelles et romans, reportages, critiques littéraires et essais à son actif. Ici, il s’attaque à un nouveau cheval de bataille, très à l’ordre du jour en ce moment – à voir la variation cinématographique sur le même sujet de Jia Zhangke “Still Life” – : à savoir les mutations de la Chine, les énormes chantiers ouverts avec tout ce que cela suppose en termes sociaux et humains : main d’œuvre déplacée, corvéable à merci, hiérarchie maintenant une discipline “bête et autoritaire”, et, fragilité du système. Le départ du chef de chantier suffit pour que tout bascule, les pulsions de toutes sortes se déchaînant jusqu’aux drames. Les incidents s’enchaînent jusqu’à l’absurde. Mais en fait c’est le chantier lui-même qui a perdu du sens. La construction d’une route dans la campagne chinoise dont on ignore le but à atteindre. On reconnaît sans peine la plume de Mo Yan avec un ton vif et acéré, mêlant adroitement situations cocasses et propos plus graves tout en dénonçant les grandes idées sur la Chine en mouvement.
Ecrivain d’autant plus déroutant que de son vrai nom, Guan Moye, l’auteur choisit le pseudonyme de Mo Yan, qui signifie “ne pas parler”…
Éditeur : Seuil
Pays : Chine