Suite à une rupture brutale avec les siens, Kihyon revient dans sa famille après plusieurs années. La culpabilité et la nécessité de se racheter l’accompagnent. Il cherche ainsi à aider son frère aîné Ukyon, gravement blessé pendant le service militaire qu’il a dû faire suite à ses frasques passées. Alors qu’ils logent sous le même toit, chacun vit le plus possible à l’écart des autres. Un mystérieux personnage va charger Kihyon de surveiller sa propre mère. Bien qu’il trouve cela très étrange, il accepte le contrat.
À partir de cet instant, sa vie n’est plus autocentrée, mais tournée vers ceux qu’il aime. Et plus particulièrement, Sunmi, l’ancienne petite amie de son frère dont il était aussi amoureux jusqu’à en perdre la raison. C’est d’ailleurs ce qui a causé sa fuite à l’époque. Il découvre aussi un secret bien gardé par sa mère à propos du père biologique de son frère. Il se rapproche alors de son père, plein de retenue et d’abnégation paternelles pour Ukyon qui souffre le martyre.
Ce sont d’ailleurs les plantes dont s’occupe ce père qui servent de catalyseur des sentiments réciproques dans cette famille retrouvée. Grâce aux arbres, Kihyon perçoit toute la puissance cosmique des liens familiaux.
Si la première partie du roman nous plonge dans l’âpreté de l’introspection existentielle du protagoniste principal, la seconde nous entraîne avec ravissement dans un univers hors du temps, à l’onirisme revendiqué par Lee Seung-U. Voilà un récit plein de rebondissements heureux et parfois beaucoup moins qui nous happe par sa sincérité réflexive. L’écriture par sa fluidité et son honnêteté nous fait encore espérer du genre humain. C’est avec ce bel esprit de partage que son auteur nous donne à lire un roman d’un humanisme rare et si finement déployé.
Sa reprise en poche est une excellente idée ! Surtout à ne pas rater !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
La vie rêvé des plantes, Lee Seung-U, roman traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean Noël Juttet, 256p., 9,95€, éd. Zulma poche.