Katsura et ses jardins, un mythe de l’architecture japonaise de Philippe Bonnin devient Éloge d’un jardin japonais.

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Les éditions Arléa ont eu la bonne idée de rééditer en collection de poche Katsura et ses jardins, un mythe de l’architecture japonais. Revue et augmentée, elle se généralise en Éloge d’un jardin japonais. Le premier opus a déjà reçu le prix René Pechère et P. J. Redouté en 2020 et 2021. Gageons que la reconnaissance ne s’arrêtera pas là.

Plus qu’une invite à la déambulation contemplative, l’ouvrage de Philippe Bonnin, nous transporte physiquement au début du XVIIème siècle. C’est dans la résidence si particulière que fit construire, à Kyotô, le prince Toshihito (1579-1629), frère de l’empereur Go-Yôsei, que nous nous rendons.

Comme l’auteur nous l’explique dès les premières pages, la visite réelle dure moins d’une heure. À peine le temps de traverser ce mirage architectural ! Heureusement, Philippe Bonnin, en tant qu’architecte et anthropologue prend symboliquement son lecteur par la main en le tutoyant. Ainsi accompagné, tout au long de la visite, le lecteur se voit révéler en détail les subtilités du jardin promenade. Il s’offre alors comme la quintessence de l’idéal et du raffinement aristocratique.

En effet, le moindre élément constitutif de la résidence est finement décrit par l’auteur. Comme la lanterne pour guider le visiteur noctambule au bonnet carré qu’on dit Kirishitan (chrétien en japonais) avec son embase révélant une énigmatique figure (Kannon ou la Vierge Marie ?). Le mystère de la religion occidentale rôde-t-il dans ces lieux hautement sacrés ? Ou bien les shoin (cabinets du lettré) montés sur pilotis, construction éminemment sud-asiatique. En effet, les architectes nippons transforment une nécessité : échapper aux crues de la rivière Katsura qui traverse la propriété, en une élégance architecturale d’une rare pertinence.

On l’aura compris, l’auteur dans cet ouvrage, fruit de cinq longues années de labeur, permet de mieux s’approcher du raffinement et de la sobriété du lieu, (inspirés par le fameux maître de thé : Sen-no-Rikyû), ou comme le dit l’auteur : « de la vérité pure de son architecture ». Des architectes occidentaux du XXème siècle se leurrèrent sur l’esprit de l’édifice en en retenant que la ligne droite. Ils en firent le symbole de la modernité, oubliant les courbes des toits et les volumes du jardin !

De nombreuses photographies couleurs, dont la plupart sont de l’auteur ainsi que diverses illustrations bien nécessaires à la compréhension de l’agencement du lieu parfont l’analyse de ce chef-d’œuvre.

Notons que paraît en même temps, dans la même collection Arléa-Poche, Ces choses qui font battre le cœur au Japon et ailleurs d’Éléna Janvier. Derrière ce pseudonyme se cachent trois jeunes Françaises ayant vécu au Japon. Elles nous avaient déjà agréablement surpris, en 2011, avec Au japon ceux qui s’aiment ne disent pas je t’aime. Elles récidivent aujourd’hui en s’inspirant de Sei Shônagon, qui, au début du XIème siècle, écrivait ses Notes de chevet (1) sur son quotidien.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

Éloge d’un jardin japonais de Philippe Bonnin, collection Arléa-Poche, 340 p., 15€. Parution le 3 novembre 2022.

(1) Lire notre chronique : https://asiexpo.fr/choses-qui-rendent-heureux-et-autres-notes-de-chevet-de-sei-shonagon/

Ces choses qui font battre le cœur au Japon et ailleurs d’Éléna Janvier, collection Arléa-Poche, 182 p., 7€. Parution le 3 novembre 2022.

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