« Kabukicho », c’est « le plus âpre des quartiers chauds de Tokyo » d’après l’auteure Dominique Sylvain. C’est là qu’elle nous entraine dans un jeu de dupes entre les différents personnages du « mizushobai », le business de la nuit où celui qui paie, parfois très cher, ne doit jamais perdre la face, doit toujours être valorisé, quoi qu’il dise pourvu qu’il paie… On entre là dans l’esprit même de la société japonaise. Kate, la jeune barmaid anglaise du club Gaïa, est retrouvée morte mais enterrée vivante dans un parc de la banlieue de Tokyo. Recevant sa photo sur son portable, son père débarque à Tokyo et Marie, la meilleure amie de Kate le prend en charge pour l’accompagner dans ses démarches. Bien vite, son « shimeisha », son hôte attitré, le beau Yudai, propriétaire d’un autre club, est accusé car il avait justement rendez-vous avec elle le jour de sa mort. La victime étant étrangère, les policiers japonais mènent une enquête serrée qui nous entraine sur différentes pistes… Toutes fausses !
C’est là la dextérité de Dominique Sylvain qui nous mène sur de nombreuses intrigues secondaires qui tissent tout un réseau de relations semblant nous éloigner de l’intrigue principale mais qui se révéleront par la suite directement concernées par le crime. Le récit, lent au début, le temps de mettre en place les nombreux personnages, se densifie au fil des péripéties. La fin est totalement hétérodoxe, très cinématographique par l’accélération des révélations et des surprises narratives.
Pour qui aime le Japon, se plonger dans ce roman est un véritable plaisir : au-delà de la qualité et de la subtilité de l’intrigue policière, il nous immerge et nous donne un accès à la culture japonaise. L’auteure y a vécu dix ans et a su en capter les “us et coutumes”, les particularités et les rend compréhensibles au lecteur.
Camille DOUZELET
Kabukicho, la cité des mensonges de Dominique Sylvain, collection « Chemins Nocturnes », éditions Viviane Ham., octobre 2016, 286 pages, 19€.