Belle idée des éditions Belfond d’avoir fait traduire les 2 premiers opus du plus célèbre des auteurs contemporains japonais, qui ne l’était pas encore à l’époque et qui venait tout juste de décider de devenir écrivain. La préface de Murakami est en cela savoureuse, nous apprenant que c’est sur un coup de tête lors d’un match de base ball qu’il décida de se mettre à écrire. Comme une sorte de révélation, une épiphanie… Les deux romans ont les mêmes personnages : un narrateur, étudiant dans Ecoute le chant du vent, veut devenir écrivain mais sans s’y consacrer, et son amie Laura. Ils se retrouvent souvent à discuter autour d’une bière au bar J’S tenu par J le Chinois. On entre ainsi dans un quotidien déjà complètement décalé, une sorte d’errance qui n’aboutit pas à grand-chose. L’étrangeté est le commun de ces personnages, de leurs relations.
Flipper, 1973 se passe quelques années plus tard. Le narrateur semble être devenu traducteur. Il vit avec des jumelles dans une pièce à côté de son lieu de travail. Il part à la recherche d’un flipper sur lequel il avait l’habitude de jouer…
Tous les ingrédients de son troisième roman, La course au mouton sauvage, sont là, épars ; tels la matrice de l’œuvre qui marquera sa véritable entrée en littérature. Ses thèmes de prédilection comme l’errance, l’incommunicabilité, le détachement par rapport au matériel et l’étrangeté du réel sont déjà à l’œuvre. L’ouvrage se lit facilement et agréablement mais ne fera pas date en comparaison de ceux qui suivront et que nous connaissons déjà.
Camille DOUZELET