Quel plaisir de découvrir le dernier ouvrage de Radhika Jha. Comme lors de ses précédents écrits, sa lecture se savoure à petites bouchées, chaque mot prenant sens ou éveillant les sens (et ceci dans tous les sens du terme, au sens propre comme au figuré)… Sens et sensualité à travers la première nouvelle où tout comme dans “Odeur” (AN n°71) Radhika explore l’art culinaire à travers un savant mélange d’ épices et de saveurs… Un vrai concerto avec rythmes, crescendo et decrescendo final… La seconde nouvelle explore avec justesse un nouveau champ : “la beauté”, qui toute en subtilité, se décline en beauté fatale, beauté fascinante, beauté vraie et pure, beauté éternelle, beauté profanée… Comme le cuisinier sait faire surgir des émotions gustatives, le photographe doit savoir illuminer un portrait… Radhika est une vraie artiste où le verbe devient sensuel et érotique… Mais elle est aussi une écrivain qui sait observer la société indienne, sans complaisance, pour dégager des caractères liés à la nature humaine ou au groupe social… En effet, la troisième nouvelle décrit un drame dans un village où conflits religieux se déroulent en dépit de tout bon sens sous les yeux d’un fonctionnaire pris au dépourvu et coincé dans sa fonction… Un certain visage de l’Inde avec son fanatisme qui peut toucher l’Absurde…
Tel un peintre talentueux, Radhika Jha, par petites touches impressionnistes, dessine différents visages de l’Inde voire de l’âme humaine…
Éditeur : Philippe Picquier
Pays : Inde