Comment peut-on se retrouver tout seul en Indonésie, abandonné de tous, après avoir fait les poubelles ? C’est la mésaventure qui va survenir au héros du nouveau roman de Daniel Bouillot, Aller simple pour nulle part. Alors qu’il cherche à retrouver une note de frais malencontreusement jetée, Alain Nyven récupère un appareil photo, en même temps. Il rentre chez lui, à la frontière, côté français, cependant. Au lieu de chercher à savoir qui est le propriétaire de sa trouvaille, il finit la pellicule à peine entamée avec la complicité de sa femme. Ce qui l’entraîne dans un imbroglio de malversations financières dont il ignorait tout.
Suite à des remords, il finit par rentrer en contact avec la propriétaire dans la ville même que sa découverte, à savoir Genève. C’est une belle Eurasienne polyglotte. Bien sûr, on l’aura compris, Alain Nyven ne pourra résister au charme de l’inconnue. Et ce, d’autant plus que le père de cette femme lui cherche des poux dans la tête. Il n’aura d’autre choix que de la suivre en Indonésie. Saura-t-elle alors le protéger de la vindicte paternelle ?
Après nous avoir baladé dans Genève une bonne moitié du roman, l’auteur enfin nous entraîne dans ce qui fait la spécificité des éditions Gope : l’Asie du sud-est (1). En effet, c’est au travers d’une course poursuite plutôt qu’un roman policier, que nous parcourons l’archipel. Pas celui des cartes postales, non ! Celui qui décrit le quotidien des autochtones. Grâce au personnage principal en fuite, nous prenons train ou pousse-pousse chaotiques. Nous partageons aussi repas ou thé avec les nombreux collègues et camarades de Matmud. C’est le chauffeur subtil et malin de notre héros. Nous traversons enfin des paysages indigènes sans oublier ceux plus pittoresques des touristes. Avec Matmud, nous apprenons comment ces derniers voient les Indonésiens tout autant que nous percevons mieux comment le tourisme est devenu nécessaire pour nombre de citoyens toujours au bord de la précarité financière.
Le style parfois sarcastique et un peu désabusé du héros, permet au lecteur de poursuivre ses rocambolesques aventures avec ravissement. Quelques dessins aux traits de l’auteur agrémentent son ouvrage dépaysant.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) Lire nos chroniques sur d’autres parutions des éditions Gope : https://asiexpo.fr/cest-arrive-a-singapour-dalain-guilldou-parait-chez-gope-editions/ ; https://asiexpo.fr/les-nobles-de-dokmai-sot-est-paru-chez-gope-editions/ ; https://asiexpo.fr/un-os-dans-le-riz-une-enquete-de-linspecteur-prik-de-jeff-pangkhan-est-publie-editions-gope/ ; https://asiexpo.fr/kuala-limpure-de-brian-gomez-sort-aux-editions-gope/
Aller simple pour nulle part, Daniel Bouillot, 226 pages, 18€, à acheter directement sur le site https://www.gope-editions.fr/.