A touch of zen
On connaît tous Tigre et Dragon ou le Secret des poignards volants qui appartiennent au genre du wu xia pian. Le wu xia pian – film de sabre chinois ou bien chevalier errant – ne se présente plus et connaît la gloire grâce aux films cités avant. Mais on peut dire que A Touch of Zen de King hu sorti en 1971 en est la quintessence. En un film de 2h50, qui a inspiré bon nombre de réalisateurs, on retrouve tous les ingrédients du genre : Un contexte politique emprunt au conflit qui va être le départ de l’intrigue, alors que le film se passe dans un village au nord de la chine sous dynastie Ming.
Gu Shengzain, un des protagonistes principaux qui semble d’abord assez passif, un simple observateur et qui va ensuite se mêler à l’intrigue pour devenir une sorte de chevalier errant, capable de l’art de la tromperie à l’instar des autres protagonistes, des hors la lois recherchés par la police du Grand Eunuque Weï.
Un film de sabre doit aussi se composer de scènes de combats. Dans A touch of zen, les scènes sont
aériennes telles des chorégraphies et viennent ponctuer le films à différents moments. En effet celui- ci semble se détacher en plusieurs actes. Le héros, ignorant et pauvres rencontre un inconnu intrigant dans une première partie. L’intrigue commence peu à peu à se révéler lorsque l’inconnu vient attaquer Yang Huizhen, une des fugitives (accompagnée de deux comparses) qui est poursuivie par la police secrète du Grands Eunuque et dont Gu Shengzain tombe amoureux, c’est la deuxième partie du film. Lors de la troisième partie. Gu Shengzain se révèle en chevalier errant en cherchant à sauver les opprimés (les fugitifs) et châtier ceux qui veulent leur perte ; tout en voulant envers et contre tous, sauver l’honneur de Yang Huizhen. Enfin en quatrième partie, après avoir triomphé de la police grâce à l’ingéniosité de notre, héros, les fugitifs restants partent pour une vie meilleure dans un monastère bouddhiste mais sont vite rattrapés par le régime.
En somme A touch of zen pose les bases cinématographiques du film de sabre chinois que nous connaissons. Mais il est aussi remarquable dans sa composition. Les premiers plans par exemple – Une toile, une araignée qui prend au piège sa proie, vue sous différents angles, à différentes mesures de plans – sont annonciateurs du récit complet qui va nous être présenté : Un jeu du chat et de la sourie dans lequel la victime devient bourreau et le bourreau victime et surtout dans lequel tout n’est que question de masques et de ruses afin de tromper l’ennemie et de refermer le piège sur lui.
De plus on comprend très rapidement qu’une menace plane sur ce petit village tranquille grâce aux jeux d’ombres, aux mystérieux personnages et à la composition de la bande son. L’attaque est imminente mais on ne sait pas d’où elle va surgir en début en récit.
Enfin les paysages qui nous sont présentés sont incroyables dans leur structure. On y ressent quelque chose d’énigmatique et de fantomatique, comme si l’on regardait des estampes. L’inspiration picturale de la peinture traditionnelle chinoise est extrêmement forte, et les étendues sauvages nous montrent la petitesse de l’homme face à la nature. Finalement, le retour à ces étendues se fait dans le sang, après une ultime trahison, un ultime guet-apens, une apparition mystique d’un moine bouddhiste vient guider les derniers fugitifs survivants. Cette dernière scène qui est la conclusion ultime et qui fait écho aux apparitions des moines (la force mentale, le « zen » est plus puissant que la violence physique) donne le titre au film. A Touch of Zen : ce sont – au final – les apparitions salvatrices des moines bouddhistes dans le chaos et le déchaînement de violence, toujours avec élégance de la danse, des combats de sabre chinois.
Gwen Ruby
A TOUCH OF ZEN (XIA NÜ)
De King HU (1969) avec Hsu FENG, Shih CHUN, Bai LING, Tien PENG, Roy CHIAO…
Aventures / drame / action, Taïwan, Carlotta, septembre 2016, 172mn, couleur, 19.99 euros