Au premier abord, on ne peut qu’être ébloui par la beauté du livre, sabres, de Paul Martin si proche de celle fascinante de son sujet. L’auteur britannique est un des plus grands spécialistes des armes blanches japonaises. Il vit à Tokyo et est administrateur de la société pour la promotion de la culture du sabre.
La grande originalité de l’ouvrage est de nous exposer plusieurs lames nues de katana ou de tachi grandeur nature. Quatre pages sont nécessaires à une telle présentation. Chaque face est photographiée à l’échelle 1. Ce qui nous permet de pleinement apprécier la finesse du travail des forgerons ainsi que l’élégance des courbes.
Après une présentation succincte de l’histoire du Japon, l’auteur nous invite à partager la légende d’une trentaine des plus grands sabreurs du pays. À chaque héros, il associe une arme, bien sûr pas celle du samouraï en question. Ce qui donne un double point de vue sur cette caste très particulière. L’un historico-légendaire et l’autre plus technique. Ainsi, il nous offre la chance de remarquer de nombreux détails de ces fameux sabres. Grâce à des photos double page, cette fois-ci, il nous restitue l’aspect général de l’arme le tout agrémenté de nombreux gros plans. On peut notamment contempler le contraste de rendu entre la lame polie à l’extrême et le nakago (la soie ou talon de la lame) brut de fonderie. De nombreux autres éléments nous sont donnés à voir dans toute leur splendeur, tels des fourreaux, des lances, des casques ou des armures, etc… Un festival d’exotisme chamarré du plus bel effet.
Chaque guerrier est richement illustré par des nombreuses estampes dont les éditions nuinui nous gratifient à chacune de leur publication. Nous retrouvons là les plus grands noms de la gravure, comme Utagawa Kuniyoshi ou Matsudaira Sadanobu, mais aussi de nombreux artistes anonymes des temps anciens plus talentueux les uns que les autres.
Grâce à Paul Martin, nous admirons huit siècles de métallurgie. Période durant laquelle la caste des samouraïs a régné sur l’Empire du soleil levant. De leur avènement en 1185 jusqu’à leur abolition en 1871 par le tout jeune empereur de la restauration Meiji, suite à la bataille de Shiroyama (1).
Bien sûr, il n’est pas question ici de faire l’apologie d’armes et encore moins de leur utilisation. Cet ouvrage, très didactique, doit servir uniquement comme porte d’entrée pour explorer la riche et tumultueuse culture des samouraïs (2).
D’ailleurs, une terminologie conséquente en toute fin d’ouvrage est bien nécessaire pour saisir toutes les subtilités des termes japonais que chaque arme sous tend.
De la belle ouvrage, donc, à manier avec précaution.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) Lire notre chronique d’un beau roman se situant à la fin de cette époque https://asiexpo.fr/le-dernier-the-de-maitre-soho-de-cyril-gely-parait-chez-arlea/
(2) Lire aussi https://asiexpo.fr/une-autre-histoire-des-samourais-le-guerrier-japonais-entre-ombre-et-lumiere-de-julien-peltier-parait-chez-perrin/
Sabres et autres armes japonaises, Paul Martin, 232 pages, 45€, éd. nuinui.