Voyageurs et magiciens de Khyentse Norbu

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S’il y a un art dans lequel excellent les peuples d’Asie en général c’est bien celui du conte, et d’autant plus celui du conte zen. La culture bhoutanaise regorge de ces fables intelligentes qui font réfléchir plus qu’elles ne moralisent et c’est avec le même enchantement que l’on assiste à cette transposition de l’écrit à l’image. Ce conte nous en conte deux, évidement étroitement imbriqués l’un dans l’autre, se partageant entre l’histoire de Donbup, jeune fonctionnaire bhoutanais qui souhaite partir tenter sa chance aux Etats-Unis, et celle que lui narre un moine bouddhiste avec lequel il partage sa route.

Une recette simple qui marche toutefois au-delà de toutes espérances. Si la première histoire est traitée d’une façon ordinaire, sans pour autant être ennuyeuse et qui bien au contraire parvient à nous toucher par sa simplicité, la seconde nous plonge dans un univers onirique et flottant, presque entièrement dépeuplé à l’exception de trois personnages, réunis en huis-clos au sein d’une forêt dense dont chaque couleur et chaque lumière ont été retouchées pour parachever cette sensation chimérique enveloppée par une musique étrangement envoûtante. Trop d’effets tuent l’effet ? Peut-être quand on manque de subtilité (comme Michael Bay) mais pas ici. Le cinéaste parvient à entraîner nos sens dans cette forêt mystérieuse et oppressante au pouvoir hypnotique qui malgré le malaise ressenti nous coupe toute envie de la quitter. Avec ce film, le Bhoutan, nous prouve que son esprit est toujours vivant et qu’il lui reste des forces insoupçonnées dont on attend beaucoup pour l’avenir.

Acteurs : Tsewang Dendup, AP Dochu, Sonam Kinga

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Pays : Bhoutan

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