Film noir, La vengeance est à moi conte la cavale d’Einosuke, arnaqueur et meurtrier, décomptant les jours qui le séparent de son arrestation.
D’un genre et d’un style très différents des autres films d’Imamura que l’on avait pu voir jusqu’ici en France (L’anguille, La ballade de Narayama, De l’eau tiède sous un pont rouge…), tout l’intérêt de cette œuvre repose sur la prestation de Ken Ogata, homme désabusé s’il en est, et sur la critique du christianisme. Le père d’Einosuke, fervent chrétien, par la contrition des sentiments qu’il s’impose sans pourtant pouvoir les renier, est amené à trahir malicieusement en affichant la plus grande innocence, se dupant lui-même, et à finalement détruire sa femme et son fils. Etonnamment, on ressent plus de compassion et de sympathie pour ce monstre avoué qu’est Einosuke plutôt que pour l’ange factice qu’est le père.
Mais ce film montre aussi du doigt la guerre et ses conséquences sur les valeurs. Enfant, Einosuke a vu le gouvernement réquisitionner les bateaux de son père, et ce dernier céder et être humilié. Devenu adulte Einosuke ne fait que répéter ce que la guerre lui a appris : prendre aux autres pour son propre profit sans se soucier de leurs sentiments et ne jamais se laisser marcher sur les pieds. Le fils déshumanisé par la guerre, et le père déshumanisé par la religion se retrouvent malgré tout à deux antipodes et ne sont liés que par la haine qu’ils se vouent l’un à l’autre. Irrévérencieuse et parfois choquante, accusatrice, une œuvre donc typique d’Imamura.
Acteurs : Ken Ogata, Rentaro Mikuni, Chôchô Miyako
Éditeur :
Pays : Japon