Un dîner en bateau d’Akira Yoshimura paraît chez Actes Sud.

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Akira, le personnage narrateur de toutes les nouvelles d’Un dîner en bateau apparaît comme un écrivain connu, mais à la vie modeste. C’est presque un calque de l’auteur tant celui-ci s’applique à narrer ses histoires dans la veine shishosetsu : un genre littéraire japonais qui s’apparente à l’autofiction.

Chaque texte du recueil s’ancre dans l’époque contemporaine. La première parution des nouvelles date de 1989. Mais il nous immerge systématiquement dans des souvenirs ; réminiscences plus ou moins proches de la guerre. Dans poissons rouges, Akira se souvient de l’approche de son incorporation dans l’armée alors qu’il est encore étudiant. Il cherche à échapper à la guerre qui ne le motive guère.

Lors d’un dîner en bateau, les fameux yakatabune, il assiste à un feu d’artifice. Lui reviennent alors des images de cadavres le long des berges de la Sumida suite aux bombardements de Tokyo en 1945. Dans plusieurs autres nouvelles il est souffrant ou en convalescence. Dans d’autres encore, la mort est très présente.

D’un style très descriptif et humaniste, presque chirurgical parfois, Akira Yoshimura tisse les liens entre hier et aujourd’hui. L’écrivain est soucieux de transmettre sa connaissance du passé et des individus confrontés aux traumatismes de l’Histoire ou de la vie quotidienne.

Il explore aussi les relations familiales qui, bien que distendues par la vie ou la mort, perdurent en lui-même. Orphelin depuis la fin de la guerre, il retrouve ceux qu’il aime lorsqu’il se rend au temple familial au Premier Mont Fuji et se souvient de sa première venue avec toute sa famille.

Mort en 2006, il est un des grands écrivains japonais d’après guerre. Il a aussi écrit sur Le Grand Tremblement de terre du Kantô (1) qui sort simultanément en poche.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) lire notre chronique https://asiexpo.fr/le-grand-tremblement-de-terre-du-kanto-dakira-yoshimura-sort-en-poche/

Un dîner en bateau, Akira Yoshimura, nouvelles traduites du japonais par Sophie Refle, 240 p., 22€, éd. Actes Sud. En librairie le 4 novembre.

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