Voilà une petite encyclopédie qui en dit long sur le haïku sans être pédante. Au Japon, tout est voie. La poésie n’échappe pas à la règle, bien sûr. Ce qui se dit Kadô en langue nippone (ka pour chant et dô pour voie).
En toute simplicité, Pierre Reboul, l’auteur de, un désir de haïku, nous énonce tout d’abord les quatre règles primordiales qu’il faut (ou pas) pour composer ce court texte de dix-sept syllabes. Elles sont nommées plus respectueusement : « les dix-sept sacrées ». D’ailleurs, pourquoi ce nombre ? La réponse tient dans le fait « qu’une respiration contiendrait le souffle exact nécessaire à prononcer ces dix-sept syllabes. » Le souffle des dieux en quelque sorte selon certains. Un autre principe incontournable de ces poésies est le Kigo, le mot en lien avec une saison. Il est omniprésent, même de façon allusive. Le kireji, tel une césure, est « une ponctuation poétique ». Quant au tercet (5-7-5 syllabes par vers), en Occident, il est intangible. Bien qu’en japonais, la structure écrite soit totalement libre.
Hormis ces quatre constituants fondamentaux, l’auteur introduit divers éléments qu’il nomme : la palette. Ces Composantes sont à même de colorer les poèmes. Elles donnent un éclairage particulier sur les différentes orientations que peut prendre le haïku.
L’auteur nous entretient aussi d’une forme poétique particulière le senryû. Ce n’est pas un haïku selon les puristes. Il se concentre, en effet, sur l’humain avant toute chose. Par conséquent, sa composante existentielle l’empêche d’appartenir au genre.
Au moyen de nombreuses citations, souvent zen, la conception des incontournables tels le Wabi-sabi ou l’aware sont peaufinés avec délicatesse ainsi que bien d’autres. Un vrai régal d’érudition et d’à propos. Tout au long de son texte, Pierre Reboul décompose et analyse sobrement les principaux concepts japonais de cette voie. Chacun étant accompagné d’une calligraphie circonstanciée. Le lecteur croise de nombreux poèmes de l’auteur disséminés à l’intérieur même de son propos. Un peu à la manière des journaux du temps jadis, les nikki.
Un recueil d’une grande originalité conjuguée à une liberté finement assumée, permet au curieux de s’immerger dans ce fragment d’univers qu’est le haïku.
Un tour d’horizon assez complet pour permettre à quiconque, avec un peu de travail et de talent, de s’imprégner de ce fourmillement créatif.
Il n’en reste pas moins que tout cela nous vient d’Extrême-Orient. De ce fait, la transposition du Japonais au Français peut laisser le lecteur dubitatif tellement ces langues sont différentes. Sans même parler de nos esprits, aux antipodes l’un de l’autre.
En complément, on peut lire aussi Le meilleur du haïku (1).
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) Lire notre chronique sur ce livre : https://asiexpo.fr/le-meilleur-du-haiku-aux-editions-synchroniques/
Un désir de haïku, une petite encyclopédie, de Pierre Reboul, 100 pages, 14€, collection Le Prunier, éd. Sully.