Un dernier soir à Pékin de Golo Zhao paraît chez Glénat.

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Golo Zhao avait attiré notre attention dès 2015 avec les 9 tomes de sa Balade de Yaya (1). Il y créait des univers colorés bien identifiés à un personnage, une époque ou un événement.

Avec Un dernier soir à Pékin, il assure le scénario et le dessin. Il nous plonge dans une tranche de vie amoureuse, assaisonnée de multiples saveurs. En effet, c’est au détour d’une déambulation nocturne dans un Pékin moderne et hivernal que He Liu et sa petite amie se confient 4 souvenirs d’enfance. Ils ne suivent aucune chronologie. Ce sont les spécialités culinaires des échoppes où ils se servent qui les font remonter le cours de leur histoire.

Comme la madeleine de Marcel Proust lui faire redécouvrir son enfance à Combray, He Liu retrouve le « salon de thé » miteux de la petite ville minière où il habitait avec son père. Mais surtout il fait revivre tout le mystère qui entourait l’homme qui le tenait. Plus loin encore dans son passé, c’est « la dernière soupe de bœuf » qu’il a dégustée avec son copain Bouboule lorsqu’il était en CM2. « Tel un bol de soupe de bœuf, il était banal en apparence, mais il laissait derrière lui un goût inoubliable. » Vient ensuite « la meilleure cuisse de poulet » qu’il ait jamais savourée. L’occasion surtout de faire revivre des vacances d’été marquées par la chaleur et l’ennui. Égayées du vol de plats délicieux par Zuo Ya, le fils du cuisinier de la cantine !

C’est enfin au tour de la petite amie de faire ses confidences au sujet de « la boîte de riz sauté » que son père, très pauvre, lui préparait chaque matin pour aller au collège.

Ces souvenirs culinaires abordent ainsi de biais la rudesse de l’enfance des 2 jeunes tourtereaux. Ce qui frappe, c’est l’opposition, dans le dessin, entre le Pékin moderne, avec ses panneaux lumineux, des couleurs saturées, la double écriture en chinois et en anglais. Tandis que les souvenirs de paysages d’enfance sont marqués par des camaieux brun-marron avec quelques touches d’une seule couleur. Des slogans, des affiches, des tableaux sur les murs des rues pour célébrer la classe ouvrière ou rappeler la politique de l’enfant unique nous replonge dans la Chine des provinces.

Cette plongée dans leurs racines aide chacun à prendre la bonne décision pour leur futur. Et c’est la subtilité de Golo Zhao qui nous entraîne dans cette déambulation tout autant psychique que géographique. Beau parcours !

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

1) Lire notre chronique : https://asiexpo.fr/la-balade-de-yaya-de-patrick-marty-createur-des-personnages-charlotte-girard-directrice-d-ecriture-jean-marie-omont-scenariste-golo-dessinateur/

Un dernier soir à Pékin, Golo Zhao, 258p. 22,50€, éd. Glénat.

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