A travers cet essai, Murakami nous parle de sa manière d’aborder la littérature, ce qu’elle représente pour lui et surtout l’étonnement d’être lui-même devenu écrivain. Suite à un match de baseball, il décide, en effet, d’écrire, alors qu’il tient un bar de jazz ! Pour lui, on n’apprend pas à rédiger un roman, contrairement à un danseur qui a besoin de s’entraîner des années. S’il est facile de devenir écrivain, il est difficile de le rester. Et c’est là tout le propos du livre. « Ecrire un roman n’est pas très difficile. Ecrire un roman magnifique n’est pas non plus si difficile… Ce qui est particulièrement ardu, en revanche, c’est d’écrire des romans, encore et encore. »
Rien de très de nouveau de ce que l’on connaît déjà de cet immense romancier. Le plus intéressant est la liberté qu’il déploie dans ses ouvrages, de fiction ou de réflexion. Il écrit sans plan et laisse filer son inspiration comme elle vient. Il s’autorise tout ; quitte, une fois la première version achevée, à revenir maintes fois dessus jusqu’à ce que le texte le satisfasse pleinement. Quand on pense à 1Q84, on en reste absolument admiratif ! Sa devise est : « se faire plaisir en écrivant et être soi-même convaincu par son travail. » Nous le sommes aussi, sans aucun doute !
Notons aussi que Belfond ressort dans une très belle édition, à la couverture d’esthétique japonaise, trois précédents romans. La fin des temps, paru en France en 1992 et qui avait reçu le prix Tanizaki est à lire de toute urgence ! C’est un de ses romans les plus poétiques, aux frontières entre le réel et la psyché du narrateur. La course au mouton sauvage est un récit farfelu, paru en France en 1990. Récit initiatique, fable métaphysique, conte onirique qui mit Murakami sur le devant de la scène littéraire mondiale. Danse, danse, danse enfin est une suite à La course au mouton sauvage !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Profession romancier de Haruki Murakami, traduit du japonais par Hélène Morita, Belfond, 210 p., 20€. En librairie depuis le 3 octobre 2019.
Nouvelles éditions parues le 7 novembre 2019 :
La fin des temps, traduit du japonais par Corinne Atlan, 544 p., 22€.
La Course au mouton sauvage, traduit du japonais par Patrick De Vos, 304 p., 22€
Danse, danse, danse, traduit du japonais par Corinne Atlan, 528 p., 22€.