Première personne du singulier et Abandonner un chat, Souvenirs de mon père d’Haruki Murakami paraissent chez Belfond.

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Pas moins de trois sorties de ou autour du plus célèbre écrivain nippon de notre époque : Haruki Murakami, plusieurs fois pressenti pour le prix Nobel de littérature (1).

Avec Première personne du singulier, Murakami renoue avec la forme courte. Il nous propose ainsi huit nouvelles à la première personne. Le narrateur s’y souvient d’un amour d’une nuit avec une jeune poétesse de tanka. D’un disque de bossa nova que Charlie Parker aurait pu composer. D’une conversation, dans un ryokan, avec un singe voleur du nom des femmes qu’il aime…

On retrouve bien là l’univers de Murakami avec les femmes aimées, la musique jazz ou pop et surtout l’irréel issu du quotidien, le fantastique. Le tout mâtiné de réflexions philosophiques sur le hasard, celui des rencontres notamment. Sur la difficulté aussi de trouver sa place dans le monde. Mais aussi sur la beauté, la poésie…

À 73 ans, le célèbre écrivain dit sentir depuis plusieurs année la volonté d’écrire sur son père. Aussi, à la faveur d’un souvenir d’enfance, il écrit au fil de la plume Abandonner un chat, Souvenirs de mon père. Hasard de l’édition française, ce court récit autobiographique sort en même temps que les nouvelles à la première personne.

Il y retrace pêle-mêle les souvenirs fugitifs qu’il a avec son père, le parcours de ce dernier avec ses 5 frères, la succession du père moine bouddhiste à assurer, les différents engagements militaires à assumer avant et après la seconde guerre mondiale et enfin le hasard total de sa naissance : fruit de deux êtres qui n’étaient pas destinés l’un à l’autre. Les chats y tiennent une grande place. Un souvenir en particulier pourrait être une métaphore de la vie. Un chaton était monté dans le grand pin devant la maison des Murakami et n’arrivait plus à en descendre. “Il est bien plus difficile de descendre que de monter”. C’est d’ailleurs sur le retour de cette réflexion que se termine le livre…

Ainsi, plus qu’un livre de souvenirs, il s’agit bien d’une méditation sur le hasard qui mène à la vie d’un individu et sur cette vie même. «  Si le destin de mon père avait emprunté un chemin un tout petit peu différent, je n’aurais pas eu d’existence. Voilà ce qu’est l’histoire : une réalité froide et unique parmi une myriade d’éventualités » écrit-il dans sa postface lumineuse.

Le livre est illustré par Emiliano Ponzi. Ses aplats colorés pleine page voire double page suivent le récit des souvenirs de Murakami et de son père.

Deux livres de nouvelles centrées sur l’introspection d’un narrateur qui sent le poids des ans.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) Lire notre chronique surHaruki Murakami, le septième homme et autres récits : https://asiexpo.fr/haruki-murakami-le-septieme-homme-et-autres-recits-de-devenay-et-pmgl/

Première personne du singulier, 160 p., 21€ et Abandonner un chat, Souvenirs de mon père, 84 p., 17€, Haruki Murakami, traduction du japonais par Hélène Morita, éd. Belfond. En librairie le 20 janvier.

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