Poésies d’amour Livres XI à XV du Kokinshû

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Dans la collection folio bilingue, les éditions Gallimard éditent Poésies d’amour Livres XI à XV du Kokinshû, soit trois-cent-cinquante-neuf textes du Kokin Waka Shû (1). C’est la première compilation de poésies spécifiquement japonaise, les waka. Cette anthologie fut constituée sur ordre impérial (ère Daigo), au début du Xe siècle. Elle rend compte de cent cinquante ans de création poétique de l’Archipel et est considérée comme un monument de la littérature et de la culture nippones.

Les waka sont structurés en quintile de trente et une syllabes réparties en cinq vers 5,7,5,7,7 (bien plus tard, les trois premiers donneront le Haïku). Pour l’édition originale, une préface en chinois et une en japonais (plus longue) présentaient l’ouvrage. C’est d’ailleurs les deux seuls documents connus dont on dispose quant au processus de compilation.

Pour la présente édition, Alain-Louis Colas en est le subtil traducteur. Il nous restitue et annote le contexte de la compilation avec précision. Tout comme il met au jour la pertinente structure de l’œuvre. Elle s’avère très réfléchie par les quatre sommités qui la compilèrent. En effet, les cinq livres sont calqués sur les cinq états amoureux (prémices, approche, union, désaccord, éloignement).

Le Waka suit des règles de compositions très strictes. Aucun mot chinois n’y est admis. Alors que dans la vie courante chacun en use quotidiennement soit pour écrire soit pour converser. Tout ce qui est vulgaire ou effrayant est également banni. L’émotion prime avant tout. La lecture assidue des poésies, nous amène très souvent à constater que la nature est le vecteur du sentiment amoureux.

« En gardant secret / tout le feu qu’il entretient / dans ses profondeurs  / le mont Fuji est vraiment / ce que moi-même je suis. »

À noter, qu’une importante documentation en fin d’ouvrage permet au lecteur de mieux en saisir toute la portée. Surtout, un court précis sur le Waka fait apprécier à leur juste valeur les subtilités de ces poésies.

En plus de nous offrir une splendide étude sur les mœurs amoureuses de la période Heian, l’ouvrage témoigne d’un sentiment humain universel. On attend avec impatience les autres parties du Kokinshû.

Camille DOUZELET ET Pierrick SAUZON

(1) Lire notre chronique https://asiexpo.fr/le-kokin-waka-shu-recueil-de-poemes-japonais-dhier-et-daujourdhui/

 

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