Paraître et prétendre : L’imposture du Bushidō dans le Japon pré-moderne d’Olivier Ansart paraît aux éditions des Belles Lettres.

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S’il est un fantasme communément partagé dans nos sociétés actuelles, et surtout parmi les aficionados des arts martiaux, c’est celui du samurai intraitable dans sa loyauté et son honneur. Toutefois cet imaginaire se craquèle et s’effondre vite à la lecture du dernier ouvrage d’Olivier Ansart : Paraître et prétendre : L’imposture du Bushidō dans le Japon pré-moderne.

Après un rapide historique sur l’apparition des guerriers au Moyen-âge, puis sur sa vision phantasmée à l’ère Meïji, l’auteur nous plonge au cœur de sa thèse. L’imposture dont la caste des soldats est autant la victime que la coupable. En effet, avec l’avènement de la Pax Tokugawa en 1603-1868, le Japon est totalement pacifié. Ce qui revient à dire que les guerriers n’ont plus guère d’utilité pour le nouveau pouvoir. Si ce n ‘est une infime partie d’entre eux qui trouve un travail précaire dans l’ administration ou dans la police. Les autres se retrouvent, non seulement, sans emploi, mais ils ne peuvent, dee plus, conserver leur rang et garder leur dignité.

Tous les aspects d’une théâtralisation de leur précaire situation sont en place. De nombreux complots contre leurs maîtres accentuent alors la dégringolade sociale de ces pantins. Sans parler des trucages généalogiques pour se glorifier d’un passé auquel ils ne peuvent prétendre. Tout comme les mensonges qu’ils proférent à longueur de temps afin de garder la tête haute.

En effet, si parfois le rapport entre le seigneur à ses guerriers fut loyal, il n’en reste pas moins vrai que très souvent ces derniers ne comptaient plus en tant que membre prééminent de la société.

Si ce livre, bien sûr, ne remet pas en cause le mythe du samuraï, bien trop ancré dans l’irrationnel humain, il éclaire parfaitement les facteurs de l’élimination d’un groupe social devenu improductif. On perçoit très vite à la lecture de cet admirable ouvrage que l’auteur tient à remettre en place cette classe indigente et prétentieuse.

L’érudition d’Olivier Ansart, qu’il met au service de la vérité, est aussi tranchante qu’un catana de bushi.

Pierrick SAUZON

Paraître et prétendre : L’imposture du Bushidō dans le Japon pré-moderne, Olivier Ansart, 180 P., 25€, collection Japon, éd. Les Belles Lettres.

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