Ne vous laissez pas tromper par la légèreté qu’évoque le magnifique titre de ce roman de Yûko Tsushima, fille du célèbre écrivain japonais Osamu Dazai ! “Ô Vent, Ô Vent qui parcours le ciel” est un roman pesant, imprégné de tristesse, véritable dissection des rapports familiaux, en particulier du rapport mère-fille. A travers la vie de deux femmes élevées par leur mère seule, Ritsuko et Fumiko, de l’enfance à l’âge adulte, Yûko Tsushima s’attaque à la question du sentiment filial sous tous les angles, avec une précision chirurgicale. Chronologie bouleversée, absence de trame, répétitions, ellipses, personnages sans corps et sans visage : ce n’est pas une histoire que nous raconte l’auteur mais plutôt un compte-rendu des rapports complexes au sein d’une famille, pour une large part autobiographique. La démarche de Yûko Tsushima, très peu analytique, soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Dans la deuxième partie de l’ouvrage, la mort prend une place de plus en plus prépondérante, à la fois douloureuse et apaisante, engloutissant dans son sillon le mystère des liens qui unissent les personnages.
Une oeuvre complexe et éprouvante mais qui ne manquera pas de laisser une trace durable sur son lecteur.
Éditeur : Seuil
Pays : Japon