Moe no suzaku de Naomi Kawase

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L’impassible nature aux cycles indicibles ne permet à aucun être d’en saisir deux visages différents en l’espace d’une vie. Naomi Kawase épouse alors cette loi qui est la nôtre en ouvrant et clôturant son film sur un paysage naturel que la main de l’homme n’a pas atteint. Ainsi donc trois générations contemplent, silencieuses, leur propre nature tandis que la vie suit son cours, bercées par l’amour (d’Eisuku pour sa tante Yasuyo et de Michiru pour Eisuku son cousin) et la mort (du père de Michiru mari de Yasuyo et celle de la grand-mère qui plane) dans un village d’utopistes attendant en vain qu’une ligne ferroviaire perce au cœur des années 80 leur quotidien.

Prétexte ou point d’orgue d’un film personnel où tout semble être intimement vécu, où les acteurs transpirent la réalité nous menant hors des sentiers battus dans un tunnel ; espace symbolique semblant appartenir à David Lynch. En mêlant documentaire et plans volés à ses scènes dirigées, Naomi Kawase ne travestit en rien la réalité mais la distille en la diffusant là où elle peinerait à exister. Un premier long-métrage d’une finesse et d’une maturité qu’il est surprenant de ne pas pouvoir déceler dans Shara, son dernier. Les Films du Paradoxe dans une édition limitée compensent le manque cruel de bonus par un livret 16 pages dont on se contente tant l’initiative d’une sortie dvd est louable.

Éditeur : Les Films du Paradoxe

Pays : Divers

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