Miyamoto Musashi Calligraphe, peintre, philosophe et sabreur !

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“J’ai rencontré les plus grands sabreurs du Japon, et survécu à plus de soixante duels. Puis je me suis mis à réfléchir sur ma vie.”

Miyamoto Musashi
Escrimeur et Poète
(1584-1645)

Popularisé par un roman fleuve de Yoshikawa Eiji, Miyamoto Musashi peut être comparé à Cyrano de Bergerac, homme de lettres et d’épée, devenu, par le caprice d’un auteur, le modèle du héros romantique. Mais si la réalité est quelque peu différente de la légende, elle n’en est pas moins fort intéressante.
Miyamoto Musashi est né la douzième année de l’ère Tensho (1584) dans une famille de samuraï ; c’est son père qui lui apprit le maniement du sabre. Le jeune homme délaisse pourtant rapidement le Katana traditionnel pour le sabre de bois. C’est avec cette arme qu’il remporte plusieurs duels, dont le premier, alors qu’il n’a que treize ans !

En 1600, il participe à la bataille de Sekigahara, remportée par Tokugawa Iyeasu. Musashi est dans le camp des perdants, et prend la route, alors que les Tokugawa entament un règne qui ne s’achèvera qu’avec l’ère Meiji, en 1868.

Devenu Ronin, un samurai sans maître, Musashi se consacre à la voie du sabre. Durant douze ans, il va livrer et remporter, d’après lui, plus de soixante duels. Comme dans la plupart des cas de ce genre, il est bien difficile de démêler le vrai du légendaire. On pense, notamment, au fameux “Duel à Ichijoji”, où le sabreur survit à une embuscade au cours de laquelle il met hors de combat une vingtaine d’adversaires !
Son dernier duel, contre le très réputé Sasaki Kojiro, a lieu, lui, devant de nombreux témoins. Musashi remporte brillamment la victoire, puis, fort de son aura d’invincibilité, monte sa propre école, où il enseigne sa technique de combat à deux sabres (Nitô-Ryû). Cette “technique de combat contre une multitude” est censée être celle qu’il a utilisée à Ichijoji.

En 1637, il entre au service des Tokugawa et combat pour eux durant la révolte de Shimabara, qui se conclut par le massacre de 37 000 hommes, femmes et enfants.

La suite de sa vie fut plus tranquille : calligraphie, peinture (dans le style Suiboku, inspirée par les peintres des dynasties Song et Yuan) et philosophie. Ses travaux sont toujours exposés de nos jours et son “Traité des cinq cercles”, écrit en 1639 ou 1643 selon les sources, (publié en France aux Editions Albin Michel) est considéré comme un classique des Arts Martiaux.

Il est mort, paisiblement, en 1645 et est inhumé à Kunamoto.

Au XIXe siècle, Tsuruya Namboku IV, un des plus illustres auteurs de Kabuki, s’empare de l’histoire du duelliste qui subit la même métamorphose que les Cyrano, D’Artagnan et autres Wild Bill Hickok.
C’est cette pièce qui a vraisemblablement, inspiré Yoshikawa Eiji pour son roman sorti chez nous en deux volumes : “La Pierre et le Sabre” et “La Parfaite lumière”.

A son tour, la Toho s’empare de Musashi et lance une production de grand luxe qu’elle confie à Hiroshi Inagaki. Tournée en couleurs (la même année, 1954, Kurosawa se contentera du noir et blanc pour ses 7 Samurai) cette trilogie, formée de “La légende de Musashi”, “Duel à Ichijoji” et “La Voie de la Lumière”, reprend fidèlement l’oeuvre de Yoshikawa. La distribution est dominée par l’acteur fétiche de Kurosawa (encore-lui !), Toshiro Mifune qui campe Musashi avec sa puissance et son charisme coutumier.
Véritable monument du cinéma nippon (elle lança la vague du film de sabre, le Chambara, au Japon) la trilogie de Musashi s’est contentée d’une sortie directe en vidéo en France (chez Panda Films, en 1992). Mais Sugata Sanshiro a bien attendu 34 ans pour arriver sur nos écrans…

Il y eu sept adaptations au cinéma du roman “La Pierre et le Sabre” ainsi que trois pour la télévision. Il fut également adapté de nombreuses fois au théâtre. Les adaptations cinématographiques les plus célèbres sont, avec celle de Hiroshi Inagaki, celle de Kenji Mizoguchi (1944) et de Tomi Uchida (1961-1965).

Le roman de Eiji Yoshikawa (1892-1962) est à ce jour l’oeuvre littéraire japonaise la plus lue en France, juste derrière “Le Dit du Genji” et loin devant Mishima ou Tanizaki. Il est édité aux Editions Balland (pas facile à trouver) ou en poche chez J’ai Lu. Yoshikawa est également l’auteur des “Chroniques du Clan Heike”, dont Mizoguchi adapta la première partie en 1955 : “Le Héros Sacrilège”.

Hiroshi Inagaki (1905-1980), le réalisateur, était l’un des trois réalisateurs vedettes de la compagnie Toho, qui abritait également Mikio Naruse et Akira Kurosawa. Spécialiste des films d’aventures en costumes (jidaï-geki), il remporta le Lion d’Or à Venise en 1958 avec “Le Pousse-pousse” (avec Toshiro Mifune et Hideko Takamine). Dans les années 50, son nom était bien plus célèbre au Japon que celui de Kurosawa. Sa filmographie compte 100 longs métrages. La trilogie Musashi “La Pierre & le Sabre” a remporté l’Oscar 1956 du Meilleur Film Etranger.

Toshiro Mifune, que l’on ne présente plus, tourna 19 films pour Hiroshi Inagaki, dont il fut l’acteur fétiche dans les années 50 – tout comme il le fut plus tard pour Akira Kurosawa.

Pays : Japon

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