Le festival international du film d’animation d’Annecy 2000 a été l’occasion de découvrir pour la seconde fois en France (après le Forum des Images à Paris) le dernier long-métrage du studio Ghibli réalisé par Isao Takahata : Hôhokekyo Tonari no Yamada-kun (en français : Cui-cui nos voisins les Yamada). Les films de Takahata sont souvent des adaptations de nouvelles, de manga ou de légendes typiquement japonaises, Tonari no Yamada-kun n’échappe pas à la règle ; cette fois-ci, c’est une adaptation d’un comic-strip (petite bande-dessinée de quelques cases, souvent dans un style caricatural) de Hisaichi Ishii qui paraît depuis 1991 dans un quotidien japonais très connu. Adaptation fidèle autant dans le domaine de la forme que du contenu, le film de Takahata est une succession de sketches qui nous montre la vie quotidienne d’une famille de japonais « moyens ». Notons que toutes ces petites histoires sont entrecoupées de haïkus (poèmes japonais composés d’un unique verset de 17 syllabes), notamment de Matsuo Basho.
Le pari fou qu’a lancé Takahata en voulant adapter le manga caricatural de Hisaichi Ishii était risqué, au point que certains membres du studio s’y sont opposés fortement. Mais grâce à des moyens financiers conséquents (un budget plus gros que pour Mononoke Hime), et surtout à l’incroyable ingéniosité du réalisateur, le film est une brillante réussite sur tous les points. Terriblement drôle, le film utilise les archétypes de la famille japonaise pour s’en moquer avec intelligence et finesse. Hilarant et en même temps très émouvant, le film de Takahata sonde ce qui fonde la famille japonaise d’aujourd’hui. Le style caricatural du dessin, si différent du celui du Tombeau des Lucioles ou de Only Yesterday ne doit pas repousser l’amateur, car Tonari no Yamada-kun est une véritable perle de cinéma, de celles qu’on ne trouve que très rarement.
Éditeur :
Pays : Japon