Maudite à son tour, la tante de Sheeva a suivi sa « nièce » et le Professeur jusqu’à leur maison. Là, à la nuit tombée, elle raconte à ce dernier comme elle a trouvé la petite fille dans les bois, encore bébé. Bien qu’elle le tienne responsable de la malédiction, elle est invitée par le Professeur à s’installer chez eux, pour Sheeva. Mais celle-ci a peur de sa tante et surtout s’en veut, car il y a de grandes chances que cela soit de sa faute qu’elle soit maudite. Tout finit heureusement par s’arranger entre elles et une nouvelle dynamique s’installe. Cependant la tante de Sheeva fait tout pour éloigner le Professeur de la petite fille, le rendant responsable de sa propre malédiction. Celui-ci ne sait alors plus quoi faire, tandis qu’une étrange douleur lui sert la poitrine…
La présence de la tante, qui ne l’est pas du tout en fait, bouleverse la relation entre Sheeva et le Professeur, déjà bien mise à mal après l’épisode du village. Si la petite fille tente de rapprocher tout le monde en se posant (inconsciemment) en élément central, l’attitude de la tante tend à faire douter le Professeur de sa place aux côtés de la petite fille. Ce dernier se met alors à ressentir quelque chose. Nous le voyons évoluer, se poser des questions, réfléchir sur ce qu’il veut. La tante elle s’en veut d’avoir abandonnée Sheeva. Sa présence nous permet également d’en savoir plus sur les maudits : immortalité, perte des sens et de la mémoire nous étaient déjà connu mais ici nous en découvrons leurs « applications » au quotidien. Sheeva elle-même est prise de doutes suite à l’épisode du village : elle se sent responsable de la transformation de sa tante et de la mort des habitants. Cependant, bien que chacun des protagonistes a donc quelque chose à regretter ou à se reprocher, la petite fille vient à nouveau balayer toutes les idées noires par sa bonne humeur. L’épisode de la tarte finira par « souder » le trio, qui se retrouve avec un objectif : vivre heureux ensemble. Soulignés par le sourire de Sheeva, des instants de bonheur s’installent, insouciants. Mais malheureusement la réalité les rattrape vite. Le talent de l’auteur pour jouer sur les contrastes est encore plus visible dans ce tome. Le fait que la petite fille soit habillée tout en blanc et le Professeur en noir ne laissait aucun doute sur leur nature. L’arrivée de la tante, avec sa tenue rayée, accentue la « couleur » du Professeur, qui en vient à se mélanger avec les ombres. Car les décors aussi ont leur importance dans la dualité ténèbres/lumière. Mais Sheeva, avec plus de gros plans sur elle, rétablie l’équilibre malgré la présence des 2 maudits. Ce calme apparent risque cependant d’être mis à mal, les dernières pages annonçant un grand changement dans l’histoire. Ensemble de petites scènes, tantôt légères, tantôt graves, ce tome bouscule néanmoins l’histoire, comme le précédent. Les différences mystères (l’origine des maudits, la vraie nature de Sheeva, Maman…) restent entier et continuent de nous fasciner. Ce manga reste toujours aussi intriguant et intéressant, pour notre plus grand bonheur.
Fabrice Docher
L’ENFANT ET LE MAUDIT (TOTSUKUNI NO SHOJO) volume 4 de NAGABE (2017)
Fantasy / fantastique / tranches de vie, Japon, Komikku Editions, mars 2018, 178 pages, livre broché 7.90 euros