La tension autour du trône d’Angleterre entre les York et les Lacanster ne cesse de croitre. Le Duc Richard attend pour le moment son heure. Cela n’empêche pas son 3ème fils, Richard, d’être en admiration devant lui. Il faut dire que c’est son seul parent à le traiter normalement, entre la gêne de ses frères et la haine de sa mère. Celle-ci le considère en effet comme le fils du diable, suite aux conditions très étranges de sa naissance et les difformités dont il est affublé. Etant très jeune, Richard ne peut aider son père ; il n’aura alors de cesse de s’endurcir pour être un jour capable de la suivre à la guerre. Mais cela est sans compter l’étrange jeune femme qui lui apparait de temps en temps en vision et qui dit s’appeler Jeanne…
Adaptation libre du Richard III de Shakespeare, ce manga mélange réalité historique, fiction et fantastique dans un bel ensemble assez homogène (ce qui n’était pas gagné). On a un peu de mal à reconnaitre le style d’Aya Kanno, surtout par rapport à Otomen, même si des pointes de shôjo sont bien présentes. A part quelques banquets, on ne s’amuse peu à cette époque tourmentée où domine la guerre entre les York et les Lancaster. La plupart des grands évènements sont cités mais pour la plupart survolés, ce premier tome se concentrant surtout sur les répercussions de ceux-ci sur le jeune Richard. Cherchant sa voie, et surtout l’attention de son père, on le voit se battre contre le regard que lui portent les autres à cause de ses difformités, notamment son hermaphrodisme. C’est là que le manga d’Aya Kanno se veut une réinterprétation de l’histoire originale, car cette particularité semble devoir prendre une grande importance dans le futur. La mangaka nous dépeint un être profondément torturé, peut-être fou, dont les pensées sont parfois difficiles à suivre. Ceci, auxquels s’ajoutent une trame « historique » un peu hachée et de multiples changements de points de vue impromptus, rendent le récit parfois confus. Le parti pris de l’auteur et son style graphique peuvent en rebuter certains mais il s’agit d’une prise de risque que l’on peut saluer. Partant d’une histoire très connue, elle intègre des éléments inattendus qui rendent l’ensemble sombre, glauque et mais aussi envoutant. On attend de découvrir la suite pour savoir si elle a gagné son pari. A suivre.
Fabrice Docher
LE REQUIEM DU ROI DES ROSES (BARAOU NO SOURETSU) volume 1 d’Aya KANNO (2014)
Histoire, Japon, Ki-oon Seinen, mars 2015, 192 pages, livre broché 7.65 euros