La 1ère vague de Gaunas attaquant Sidonia étant détruite, Nagate s’élance avec le module Tsukikaze pour l’étoile Lem. Il veut rejoindre au plus vite les flottes d’assaut, prises à parti par d’autres gaunas. La 3ème a disparu, la 2ème est presque détruite avec Tsumugi dans un état critique, tandis que la 1ère se retrouve attaquée par un élément surprise : l’hybride Kanata contrôlé par Ochiai. La dernière bataille de l’humanité devient de plus en plus désespérée. De plus une nouvelle vague d’essaims se rapproche de Sidonia…
Avec ce 15ème tome se termine la plus longue série de Tsutomu Nihei, qui est dans l’ensemble un peu différente de ses précédents travaux, comme Blame et Biomega. Si certains thèmes sont toujours présents comme la transformation des corps, la manipulation génétique, le fantastique, le ton même de l’histoire est assez différent. Il y a bien plus d’humour, de comédie, de sentiments en plus des grands moments de danger, ce qui en a fait une saga bien plus accessible à tout le monde. S’il y a une tension permanente, des morts, des situations tendues cela reste en global bien moins sombre. L’univers de ce manga est assez limité vu qu’il n’y a que des humains transformés d’un côté et les gaunas de l’autre, mais cela n’enlève en rien à l’histoire tragique qui en découle. On ne sait pas où ils sont, on ne sait pas s’ils sont les derniers survivants, on ne sait pas ce que sont exactement les gaunas (même si beaucoup de découvertes ont été faites en peu de temps). En fait il parle surtout de la survie de l’humanité qui cherche un endroit pour se reposer. Tout au long de l’histoire s’est construit une intrigue, entre l’intégration de Nagate, son histoire et son origine, le retour d’Ochiai, personnage clé qui a failli provoquer la perte de Sidonia une fois, les évolutions des gaunas avec une forme d’intelligence et des ennemis spéciaux. On sent que tout a été remis à plat, redéfini entre l’humanité et son adversaire. Cela donne une histoire assez intense, entre des combats, des notions de sacrifice et d’autant plus de comédie, d’espoir et de désespoir, de vengeance et de reconnaissance, etc.. Bref on ne s’ennuie vraiment pas tout au long de ces 15 tomes. Si sans vouloir trop en dire, si la fin de l’histoire se veut peut-être trop joyeuse, il ne faut pas oublier les innombrables sacrifices et les dégâts tout au long de l’histoire : il est difficile d’en faire le compte mais il est clair que les pertes de Sidonia ont été immenses. La victoire finale ne tient aussi qu’à un cheveu. L’épilogue est intéressant car il pose de nouvelles bases et reste suffisamment cohérent par rapport à tout ce qu’il s’est passé avant. Cela change aussi par rapport aux précédentes séries de l’auteur où la conclusion était plus abrupte, téléphonée ou nébuleuse. Si l’histoire de base est plus accessible, moins cérébrale, l’auteur n’en oublie pas moins ses habitudes tant dans l’architecture des villes, gigantesques et tentaculaires, que dans le design des monstres, formes biologiques pleines d’excroissances et basés sur la transformation des corps. Les véhicules, les vaisseaux de combat ont eux des formes acérées, plus froides de ce qu’est le reste de Sidonia et des gaunas, que sont plus dans les courbes et les ronds. Ce manga est une histoire de science-fiction bien aboutie, assez classique dans le fond vu qu’il s’agit de la survie d’une civilisation face des monstres terribles, dans une fuite désespérée. Mais l’auteur, par ses pointes d’humour, ses personnages bien croqués, arrive à rendre l’histoire assez passionnante de bout en bout. Il faut bien sûr accrocher au style de Nihei, parfois un peu spécial mais cela reste un bon titre qui mérite d’être découvert.
Fabrice Docher
KNIGHT OF SIDONIA volume 15 de Tsutomu NIHEI (2015)
Science-fiction / drame, Japon, Editions Glénat, août 2016, 260 pages, livre broché 7.60 euros