Le jeune Iliac travaille dans un salon de massage-bordel comme tant d’autres à Manille. La mort de son père va le contraindre à revenir auprès de sa famille pour les obsèques.
Film au budget visiblement dérisoire et filmé en DV (ce qui ajoute au réalisme du film, même s’il faut quelques minutes pour s’y habituer), “Le masseur” porte à travers l’histoire du héros et de ses “collègues” un regard sur le monde de la prostitution masculine. Il est surprenant de constater combien ce phénomène est accepté, voire banalisé. Ces jeunes hommes (n’étant souvent pas homosexuels eux-même) n’hésitent pas à vendre leurs charmes de façon totalement assumée, moyen comme un autre de gagner leur vie. Le spectateur occidental découvre ainsi l’ampleur du phénomène, ce qui bien sûr rappelle le niveau de pauvreté des Philippines ou d’autres pays d’Asie du Sud-Est. Ceci n’est cependant pas le propos premier du réalisateur, qui cherche avant tout à nous faire partager un mélange d’émotions contradictoires en montrant en parallèle, et sur quasiment toute la durée du film, les scènes de massage et d’enterrement. Formellement, le résultat est réussi puisqu’il oppose l’intimité des boxes de massage à l’atmosphère sensuelle voire carrément crue, filmés avec des couleurs chaudes, aux scènes tristes et froides de la cérémonie mortuaire, rendues encore plus dérangeantes par le fait qu’elles montrent les aspects les plus triviaux et matériels de celle-ci. Un certain malaise naît donc de cette confrontation, et cette collision entre chair et esprit, luxure et religion, profane et sacré peut choquer.
Éditeur : Antiprod
Pays : Philippines