L’auteur de ce manga est aussi fameux qu’inconnu des amateurs, c’est Jirô Taniguchi. Influencé par la BD européenne (celle de Moebius, Bilal ou Crespin) il a souvent dessiné en collaboration avec d’autres scénaristes, comme Natsuo Sekigawa. Au début des années 90, il se lance en solitaire, c’est l’époque de “L’Homme qui marche” et du “Chien Blanco” (2 tomes), deux manga sortis en France chez Casterman. “Le Journal de mon Père” est son dernier manga traduit en français, sa parution vient de se terminer avec la sortie du troisième et dernier tome. Il s’agit d’un japonais, Yoichi Yamashita qui retourne dans sa ville natale pour l’enterrement de son père, Takeshi. Il retrouve des membres de sa famille qu’il n’a pas vus depuis une quinzaine d’années : sa soeur Haruko, ses oncles, sa belle-mère. Yoichi a toujours tenu son père pour responsable du départ de sa mère et c’est ce qui explique sa longue absence. Les souvenirs qu’il garde de son enfance sont très flous, la veillée funèbre sera l’occasion de les raviver.
De tranche de vie en flash-back, c’est toute une existence qui se dessine, japonaise, bien sûr, avec le style de vie et les coutumes de ce pays, mais une histoire universelle, aussi. Celle de l’incommunicabilité entre un père et un fils, qui découvre ses sentiments réels pour celui-ci au moment de sa mort, trop tard pour les lui exprimer. Le journal de mon père tient aussi une place toute particulière au sein du manga, c’est en grande partie un récit autobiographique comme l’explique la note de Taniguchi dans le troisième tome. Mais c’est surtout dans la manière de traiter ce récit que s’affirme le style de Taniguchi : à première vue, il ne se passe rien à part les quelques événements qui rythment la vie de chacun, alors pourquoi dévorer ce manga ? Tout simplement parce qu’à la manière d’Ozu dont il ne nie pas l’influence, il observe, décortique, et cadre l’image là où il faut, c’est une vraie leçon de manga.
Éditeur : Casterman
Pays : Divers