Pour sa nouvelle édition, Le dessous des cartes, fait la part belle à l’Asie. On ne compte pas moins de cinq entrées sans parler du Moyen-Orient et un regard sur Wuhan. Il faut dire que depuis quelques années, l’émergence de plusieurs géants économiques déplace le point géostratégique mondial vers cette zone, cela au détriment de l’Occident.
Chaque pays est analysé séparément selon ses propres contingences. Sans toutefois perdre de vue ses relations avec son environnement plus ou moins proche. C’est ce qu’illustrent les somptueuses cartes aussi attrayantes que didactiques. Elles sont toujours centrées sur l’entité dont il est question. Ce qui permet de mieux appréhender les enjeux décrits.
Les routes de la soie terrestres et maritimes définissent bien l’ambition tous azimuts de la Chine. Mais ce grand pays est surtout traité en fonction de la menace qu’il fait peser sur la région. Notamment en Mer de Chine méridionale avec l’occupation illégale de plusieurs îles et îlots. Les ressources à proximité ne sont pas étrangères à cette mainmise sans parler du prestige qu’elle met en avant pour l’Empire chinois. C’est surtout Taïwan qui reste dans son collimateur. Puisque, désormais, Hong Kong est rentré dans le rang. Sans oublier, bien sûr, ses rapports tendus avec les États-Unis garants de “l’indépendance” de l’île rebelle.
Quant au dialogue inter-coréen, il est désormais au point mort après les espoirs suscités par le rapprochement aux jeux olympiques d’hiver de l’an 2000. Mais depuis, la tension monte autour de la zone démilitarisée du 38è parallèle et en Mer du Japon. En effet, la Corée du Nord, plus que jamais, est décidée à obtenir l’arme nucléaire. Seule manière de survivre pour le clan de Kim Jong-un.
Le japon, lui, face aux menaces des missiles nord coréens et des ambitions chinoises (Senkaku-Diaoyu) n’a d’autre choix que de se remilitariser selon feu Shinzo Abe, l’ancien premier ministre assassiné. De plus, bien que troisième puissance économique, l’Archipel tente toujours de trouver un deuxième souffle. D’autant que sa démographie est en chute libre (comme dans nombre de pays occidentaux, d’ailleurs). Ce qui augure mal de son avenir. Pour finir, l’Inde se jette dans les bras du Bharatiya Janata Party (BJP) de Modi afin de reconquérir la «véritable histoire » du pays. Ce parti ultranationaliste rejette tout ce qui n’est pas hindou. À commencer par les musulmans qui sont de plus en plus ostracisés.
Internationalement, l’Inde se rapproche d’ailleurs du Japon et des USA afin de damer le pion aux prétentions hégémoniques de la Chine. Notamment dans Océan Indien qu’elle considère comme « sa » propriété de toujours.
Bien qu’en pleine ascension dans de nombreux points (notamment le nucléaire et l’aérospatiale), elle est en train de se laisser distancer par une Chine bien plus agressive.
Bien sûr, cette nouvelle édition fait un tour d’horizon complet des enjeux géostratégiques de plus en plus tendus de par le monde. Un ouvrage, donc, à explorer sans modération pour qui cherche à saisir la complexité des rapports entre états.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Le dessous des cartes, le retour de la guerre d’Émilie Aubry et Franck Tétart, éd. Tallandier et Arte éditions.