Dans ce 11ème roman du maître incontesté du polar japonais, paru dans la collection « Actes Noirs », on découvre un nouveau duo de policiers de Tokyo : Godai qui a des idées bien arrêtées sur les femmes et son jeune collègue Nakamachi. Ils aiment partager leurs repas autour d’une bière pour discuter et réfléchir au gré des quartiers où les mènent leurs enquêtes.
L’avocat Shiraishi Kensuké est retrouvé mort sur la banquette arrière de sa voiture. À la suite d’une rapide enquête, un suspect se fait jour. M. Kuraki Tetsuo ne tarde pas à avouer le meurtre et même celui d’un gérant de l’agence de services financiers de la gare de Higashi-Okazaki datant de 1984 ! Même s’il y a prescription pour ce dernier. Il signe ainsi des aveux complets.
La vie de son fils en est bouleversée. Surtout, il ne peut croire que son père, un homme si droit, si empathique soit un assassin. De même, la fille de M. Shiraishi voit des incohérences dans l’attitude prêtée à son père par l’accusé. Tous deux pensent donc que M. Kuraki a menti. Mais pourquoi ?
Et c’est là que le lecteur assiste à une enquête hors normes. Les 2 enfants des parties adverses pallient les défaillances de la police par leur propres investigations beaucoup plus fines et efficaces. Leur point commun est de ne pas croire à « la version officielle. Ils sont persuadés que la vérité est autre et ils veulent la révéler ». dit Godai qui va les y aider. Il dit encore d’eux « Pour moi, ils sont la lumière et l’obscurité, le jour et la nuit… C’est comme si on me racontait qu’un cygne vole aux côtés d’une chauve-souris ! »
Et si l’enquête entremêle à merveille, comme toujours chez Higashino, les époques et les milieux, les thèmes très japonais du salut, du sacrifice et de l’expiation parcourent tout le roman. Le rôle de la presse qui veut son scoop à tout prix est bien analysé avec le personnage de Nanbara. Celui des réseaux sociaux est parfaitement cerné avec le grossissement, l’exagération des réactions des internautes qui sont prêts à clouer au piloris toute la famille des justiciables, laissant affleurer toutes les haines.
Le Cygne et la Chauve-souris remontent donc le passé de leurs parents respectifs et font éclater la vérité tandis que « Pour le procureur et les avocats, l’important dans un procès, c’est de gagner et non d’établir la vérité ».
Le style est limpide. Les personnages sont délicatement dessinés. Et la géographie de Tokyo, Nagoya et autres villages comme Tokonamé est parcourue avec finesse. Le lecteur est embarqué avec les protagonistes dans le Shinkansen !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) lire notre chronique des sept divinités du bonheur : , https://asiexpo.fr/les-sept-divinites-du-bonheur-de-keigo-higashino-parait-chez-actes-sud/ ; du Nouveau : https://asiexpo.fr/le-nouveau-de-keigo-higashino-parait-chez-actes-sud/ et des autres titres de Keigo Higashino : https://asiexpo.fr/la-lumiere-de-la-nuit-de-keigo-higashino/ ; ; https://asiexpo.fr/les-miracles-du-bazar-namiya-de-keigo-higashino-parait-le-22-janvier/ ; https://asiexpo.fr/les-doigts-rouges-de-keigo-higashino-sort-chez-actes-sud/
Le Cygne et la Chauve-souris, Keigo Higashino, roman traduit du japonais par Sophie Refle, 432 p., 23,80 €, collection Actes noirs, éd. Actes Sud. En librairie le 4 octobre.