Disparu trop tôt en 2007 après seulement 8 films, Edward Yang fut le chef de file de la « nouvelle vague » taïwanaise avec Hou Hsiao-hsien. Bien que son impact sur le cinéma de son pays, voir sur le cinéma chinois dans son ensemble, est énorme, il est très mal connu à l’étranger. Seul son dernier long métrage, Yi-Yi, prix de mise en scène au festival de Cannes en 2000, lui vaut une certaine reconnaissance internationale mais il était pour ainsi dire trop tard. Très mal distribué dans le monde, conspué par les médias de son pays, auxquels il leur rendait bien, Edward Yang n’a jamais pu faire découvrir son travail ; entre influences chinoises, japonaises mais aussi européennes et américaines, il essayait de mettre en scène sa vision très critique de sa société et de ses dérives. Aucun ouvrage ne parlait vraiment de son œuvre jusqu’à aujourd’hui et c’est Jean-Michel Frodon, ancien journaliste et directeur des Cahiers du Cinéma, mais aussi ami du réalisateur, qui lui rend hommage.
Le livre commence de manière classique, avec une biographie d’Edward Yang, présentant les différents contextes qu’il a vécu et qui ont influencé son œuvre. Ensuite son court et ses 7 longs métrages sont décortiqués, sans les encenser à tout prix mais en donnant des pistes pour mieux les comprendre et les apprécier. Vient ensuite des documents plus rares avec notamment des dessins du réalisateur, grand fan de manga et surtout d’Osamu Tezuka ; il y a aussi quelques images provenant de site internet Miluku et des planches de son projet de film d’animation The Wind, en coopération avec son ami Jackie Chan, malheureusement arrêté à sa mort. Enfin, le plus émouvant, nous avons plusieurs textes d’Edward Yang mais aussi des témoignages d’autres réalisateurs comme Martin Scorsese, Jia Zhang-ke ou Olivier Assayas.
Très complet, bien documenté et réalisé, cet ouvrage est à recommander à tous les vrais amateurs du cinéma asiatique. Certaines critiques pourraient être faites envers la qualité de certaines photos provenant des films mais c’est bien le seul reproche que l’on pourrait lui faire. Sa qualité générale est telle, tant par son contenu que par son contenant, qu’il ne peut que devenir qu’indispensable dans votre bibliothèque.
Éditeur : Editions de l’Eclat
Pays : France