L’art de Jirô Taniguchi aux éditions Casterman.

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Bel ouvrage que cet Art de Jirô Taniguchi aussi bien pour les néophytes qui vont pouvoir découvrir toutes les nuances et les subtilités de ce dessinateur de bandes dessinées nippon qui s’est essayé à de nombreux genres autant que pour les amateurs déjà conquis par les diverses facettes de son dessin. En effet, dans un format italien très élégant, après deux introductions de Benoit Peeters et du scénariste Natsuo Sekikawa, un de ses premiers collaborateurs ; le lecteur est entrainé par Jirô Taniguchi lui-même dans la présentation de ses oeuvres avec un court commentaire retraçant sa carrière à travers les multiples projets qu’il a menés à bien (ou non : certains n’ont pas été publiés) en solo ou en collaboration avec de nombreux écrivains ou scénaristes. On découvre ainsi sa collaboration avec Moebius sur Icare en 1997 interrompue trop tôt à son goût mais qui lui donna l’idée de son célèbre Quartier lointain en 1998. Beaucoup de portraits de ses héros, de scènes d’actions (humaines ou animales), quelques paysages urbains. La couleur domine à toutes les pages. On a l’impression d’une véritable explosion ! Une seule série de genre en noir et blanc tirée de Manhattan Op (1981-85) nous plonge littéralement dans la nuit du roman noir avec des vignettes étroites, allongées et des noirs puissants. On peut regretter qu’il n’y en ait pas plus, mais il faudrait alors un autre volume !

S’étant essayé, depuis plus de 40 ans, à tous les genres de la bande dessinée, son style a puisé dans tous les arts : roman, photographie, peinture, illustration… et s’est ainsi métamorphosé au profit de chacun de ses projets pour devenir réellement universel : en effet, quoi de plus différent que le style « épuré » de L’orme du Caucase (2010) et celui très « new age » de la série SF : Ice Age of chronicle of the earth (1992) ou encore celui très contrasté, expressionniste même du Chien divin qui donna les tomes 3 et 4 de la série Blanco en français (1996) ? Un artiste protéiforme donc qui le prouve à chaque nouveau projet.

Dans le même temps que cet Art de Jirô Taniguchi sont parues Les rêveries d’un gourmet solitaire qu’il a dessinées en collaboration avec le scénariste  Masayuki Kusumi, une vingtaine d’années après leur Gourmet solitaire. On y retrouve ses déambulations, ses expériences culinaires à la fois simples et essentielles qui nourrissent tout autant l’esprit que le corps. Le style y est très épuré, en noir et blanc et chaque chapitre nous fait découvrir une spécialité d’un quartier (souvent tokyoïte mais pas que…), d’un établissement. A déguster donc…

 

Camille DOUZELET

Bande dessinée, Japon, dessin, cuisine japonaise,

L’art de Jirô Taniguchi, 35€, mai 2016, éditions Casterman.

Les rêveries d’un gourmet solitaire, Taniguchi et Kusumi, 144 pages, 16.95€, chez Casterman Ecritures.

 

 

Rêveries d'un gourmet

 

 

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