La Maison noire de Yûsuke Kishi paraît chez Belfond.

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Dans le nouveau roman de Yûsuke Kishi, La Maison noire, Shinji Wakatsuki travaille dans les assurances. Il a un poste à responsabilité sans toutefois être membre de la direction. Bien qu’il occupe un bureau, il est souvent à l’accueil au contact de la clientèle pas toujours facile au demeurant.

En effet, le couple Komoda a souscrit une assurance-vie avec une forte prime sur la tête du fils de l’épouse. Il n’arrête pas de harceler l’assureur suite à la découverte du corps suicidé du jeune garçon. Découverte faite par l’assureur lui-même, en présence du mari : Shigenori. Ce dernier est un coupable évident pour Wakatsuki. D’autant plus que l’assuré se croit obligé de venir tous les jours réclamer son argent !

Pris dans l’engrenage d’une enquête qu’il mène de son propre chef, l’assureur se trouve décontenancé lorsque la police disculpe le mari. Son alibi est en béton. Ce qui implique pour la compagnie d’assurance de devoir honorer le contrat.

Pourtant, des indices particuliers finissent par convaincre Wakatsuki que l’enfant a bien été pendu. La seule coupable possible ne peut donc être que la mère, Sachiko, totalement insensible à la souffrance d’autrui. Elle n’hésite pas à écarter de son chemin tout obstacle humain qu’elle rencontre. Et ils s’avèrent nombreux.

Elle a, par exemple, kidnappé la petite amie de l’assureur. S’enclenche alors une course poursuite entre eux. Le jeune homme saura-t-il déjouer le machiavélisme de la démone ?

Sous couvert d’une vie banale de son protagoniste, sans en avoir l’air, l’auteur nous entraîne dans les profondeurs de la noirceur humaine. Thème qu’il affectionne tout particulièrement (1).

Tels les méandres du cerveau de certains de ses personnages, Yûsuke Kishi échafaude de multiples pistes pour capter son lecteur et l’enfoncer plus encore dans l’incertitude et l’angoisse.

On notera avec un intérêt tout particulier le long développement sur les psychopathes. Un aspect théorique des plus instructifs sur les aléas du comportement humain qui sert habilement l’intrigue.

Bien que les digressions soient assez nombreuses, nous conseillons vivement au lecteur de lire le texte jusqu’à la fin. En effet, une scène d’anthologie clôt le récit comme aime à en orchestrer si particulièrement l’auteur. Une fois encore, Yûsuke Kishi démontre avec brio et dans un style acerbe toute la fragilité de la nature humaine au travers de son protagoniste. Voulant faire le bien , il se précipite au cœur du mal.

À méditer pour chacun de nous, avant d’entreprendre un quelconque acte un tant soit peu hors de nos compétences.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) Lire notre chronique la leçon du mal  : https://asiexpo.fr/la-lecon-du-mal-de-yusuke-kishi-parait-chez-belfond/

La Maison noire de Yûsuke Kishi, roman traduit du japonais par Diane Durocher, 304 pages, 22€, éd. Belfond.

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