Les Reines de sang, Rana Lakshumi Bai, la séditieuse paraît aux éditions Delcourt.

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La collection Histoire & Histoires, des éditions Delcourt, s’enrichit d’un nouveau portrait. Rien ne prédisposait la jeune Indienne Lakshmi Bai à devenir rani, l’équivalent de reine. Fille de brahmane, le 1er tome nous l’avait montrée intrépide et sûre d’elle dans son adolescence. Une plume de paon l’avait cependant désignée comme future épouse du raja Rao.

Ce 2ème tome continue l’entrelacement des époques et arrive peu à peu à cette date fatidique de 1853 où, dépossédée de tout, Lakshmi Bai quitte le palais de son Jhansi natal et princier qui va bientôt tomber dans l’escarcelle britannique.

En effet, la jeune roturière vit en plein XIXè siècle. Et même si l’état du Jhansi est autonome, la colonisation anglaise y est bien présente. Le major Ellis croit en « la mission civilisatrice » contre la misère du pays et y plaide pour un humanisme salvateur. Ses camarades et le gouverneur général de la Compagnie des Indes cherchent au contraire à faire main basse sur toutes les richesses des états indiens.

Ainsi, même une fois mariée, Lakshmi Bai n’est pas au bout de ses peines. La mort de son jeune fils et celle du Raja son époux la plonge dans un piège diplomatique. Puisque l’adoption du jeune Damodar ne suffit pas à faire d’elle la régente, elle doit céder le pouvoir aux Anglais qui prônent l’annexion pure et simple du Jhansi.

Mais gageons que son éviction se transforme en un nouveau départ après avoir donné lieu à son récit rétrospectif. Simona Mongavino et Arnaud Delalande passent en effet d’une époque à une autre dans leur scénario.

Le dessin de Carlos Gomez est extrêmement dynamique, d’une maîtrise experte. Il foisonne de détails réalistes voire naturalistes qui rendent bien compte du fourmillement de l’ambiance générale. L’espace est saturé d’actions, de scènes de vie, de cérémonies. Une multitude de vignettes se superpose voire recadre une pleine page comme la 1ère planche où Kala l’éléphante s’agite à l’approche de sa mise bas.

La mise en couleurs de Luca Saponti contribue grandement à nous faire ressentir l’atmosphère foisonnante et luxuriante de l’Inde dans toute sa diversité tant culturelle qu’ethnique, du plus bas au plus haut de l’échelle sociale.

Les graines de la sédition étant plantées, le 3è tome devrait les dévoiler pleinement !

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

Les Reines de sang Rana Lakshumi Bai, la séditieuse de Simona Mogavino, Arnaud Delalande au scénario et Carlos Gomez au dessin, 64 pages, tome 2 : 15,95€ , collection Histoire & Histoires, éd. Delcourt.

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