Kazuki Fuse est policier dans l’unité des Panzer Korps, une force d’intervention anti-terroriste sur-équipée.
Lors d’une intervention durant une violente manifestation, il hésite à tirer sur une jeune fille transportant une bombe. Paniquée celle-ci fait exploser son engin et meurt sur le coup. Fuse ne s’en sort que de justesse mais est suspendu.
Hantée par l’image de la jeune victime, Fuse rencontrera la soeur de celle-ci, qui le révélera à lui-même, … en tout cas en apparence.
Dans un tout autre registre que Totoro, la seconde sortie japanimation de ce mois est également un chef d’œuvre : Jin-Roh, la brigade des loups. On ne va pas vous faire l’offense de vous raconter l’histoire mais sachez que le scénario est d’Oshii et que c’est sans doute le plus abouti (comme il le déclare d’ailleurs au magazine HK). Si on retrouve les ingrédients qui ont fait le succès d’Oshii, le contexte troublé, les machinations politico-militaires et les personnages en crise d’identité, il a cette fois trouvé l’appareil théorique qui lui permet de construire véritablement son discours philosophique.
En effet le film peut se définir comme une relecture magistrale du conte du petit chaperon rouge. Attention, on ne parle pas de la version “soft” que tout le monde connaît. Oshii est allé chercher la version allemande originelle. Dans celle-ci, la petite fille est amenée par le loup à boire le sang de sa mère et à manger sa chair. Le ton est donné : on croit être lié aux autres par l’amour, la sensualité ou le respect, alors qu’en réalité ce ne sont là que des sublimations d’une pulsion de mort qui nous habite et nous pousse à détruire l’autre. Comme les loups, notre vraie jouissance se trouve dans la chasse, le cannibalisme, mais nous sommes des loups frustrés, coupables, qui fuient cette réalité. Oshii atteint les sommets de pessimisme. L’espoir, n’est plus dans le rêve comme dans Lamu, ou, le web comme dans Ghost in the shell, mais dans la mort !
Oshii nous livre donc sa belle histoire, en forme de fable nihiliste. Et heureusement, Okiura l’a parfaitement adaptée. La réalisation est froide, sans émotion. Pas un sourire, ni une larme versée par le spectateur qui ne peut que regarder fasciné les images sombres qui défilent. Seules les scènes de tueries viennent illuminer l’écran l’espace de quelques secondes de l’éclat du sang et des coups de feu. Les décors sont parfaits, l’animation irréprochable : un peu comme si Black Jack avait fait le film ! On ne saurait trop le répéter : Jin-Roh est la révélation animation de l’année, un film délicieusement subversif qui ne vous laissera pas intact. Allez-y avant qu’il ne sorte de l’affiche.
Date de sortie internationale : 1998
Pays : Japon