Kaïro de Kiyoshi Kurosawa

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Quand on lit le synopsis de Kaïro, tout de suite s’affiche en nous un autre film horrifique japonais, le désormais célèbre Ring de Hideo Nakata où la vision d’une cassette maudite provoque la mort de celui qui l’a regardée. Ici tout pourrait laisser croire que ce n’est qu’une pâle copie. Des gens vont sur un site internet mystérieux et disparaissent les uns après les autres. Mais très vite on sent qu’il y a quelque chose de différent dans le film de Kiyoshi Kurosawa. La recette de l’angoisse et de la terreur fonctionnant parfaitement, il surpasse son prédécesseur par un côté intimiste. Au-delà d’une histoire horrifique de fantômes, c’est toute une parabole sur notre société actuelle qui nous est contée. Et le constat est d’autant plus effrayant. Ces spectres ne sont autres que nous-même, disparaissant petit à petit derrière la froide solitude de nos ordinateurs, condamnés à sentir la présence des autres sans jamais les voir. Kurosawa est le genre d’homme pour qui l’histoire ne se suffit pas à elle-même. L’histoire est au service d’une plus grande cause : transmettre un message. Oui mais est-ce que cela ne dessert pas le film ? A trop vouloir imager son propos on finit parfois par se perdre et par réaliser des oeuvres brouillonnes et sans saveurs. C’est un défaut que l’on pourrait légèrement reprocher à son précédent film, Charisma, dont la complexité du message et le rythme d’une lenteur proche de l’apathie nuisent à la compréhension du film et à son intérêt. Mais ici, tout est savamment dosé. L’histoire en elle-même suffit à l’intérêt du film et ne nécessite pas une relecture plus approfondie pour être appréciée comme telle. Après quelques essais infructueux, assistons-nous à l’éveil d’un Kurosawa digne de ce nom ?

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