Quelle est l’origine du festival Shadows ?
Julien Tang : C’est Judith et moi qui l’avons cofondé. Nous avions tous les deux cette envie au départ qui s’est matérialisée au sein de l’association Arsinica.
Pouvez-vous présenter l’association Arsinica aux lecteurs d’Asie News ?
Julien : L’association existe depuis 3 ans et demi. Je l’ai cofondée avec quelques amis étudiants. Par le passé, notre principale activité était la rédaction d’un webzine sur l’art contemporain chinois. Cette aventure a duré un an car elle impliquait une logistique trop lourde.
Nous avons rebondi avec notre participation au festival “Vision de France” à Pékin en 2006. Le principe de ce dernier était de présenter des documentaires français en Chine. Cette collaboration nous a permis de poser les bases du festival Shadows.
Pouvez-vous qualifier le mouvement incarné par ces films ?
Judith : Je ne sais pas si on peut véritablement parler de mouvement. Cependant, ces films présentent un point commun. La force de ces œuvres c’est l’individualité. Chaque cinéaste est un individu, un artiste prenant position sur les sujets qu’il montre à l’écran. Il développe une créativité qui lui est propre et pose un regard unique sur son pays.
Ces cinéastes sont conscients que leur pays est en pleine mutation à cause du développement capitaliste. Il est vrai qu’il y a une certaine urgence à vouloir capter cette Chine en train de disparaître. Comme s’ils voulaient conserver une trace…
Est-ce que ces films bénéficient d’un réseau de distribution dans leur pays ?
Julien : Le marché du cinéma chinois indépendant n’existe pas. Ces films ne sont pas accessibles dans leur pays car il n’y a pas de politique culturelle en Chine facilitant leur diffusion. De plus, il n’y a pas de salles appropriées pour diffuser ce genre de cinéma.
Judith : Le cinéma qu’on montre est paradoxal. Les cinéastes sont très ancrés dans la réalité chinoise mais leur cinéma est très élitiste car il n’est pas facile d’accès en terme de contenu. De plus, il n’est pas montré en dehors de leur cercle d’artistes.
Julien : Ce fossé est beaucoup plus important en Chine car il y a un effet de nombre. Il y a peu d’artistes par rapport à la population. Par conséquent, peu de gens sont initiés à ce regard et à une pratique artistique. De plus, il est assez difficile d’amener ces gens vers cette démarche car il n’y a pas de lieux de rencontre avec l’artiste.
Interview réalisée à Lyon par Julien Clément (mai 2007)
Pays : Chine