IMMORTAL HOUNDS volume 1 de Ryo YASOHACHI

mangas

Depuis plusieurs siècles, les humains ne sont plus capables de mourir d’autre chose que de vieillesse. Une maladie, une douleur, un accident grave ? Pas de problème, il suffit de « mourir » et quelques secondes plus tard, vous voilà comme neuf. Cette nouvelle prédisposition a radicalement changé la condition de l’homme sur Terre, le détachant totalement de l’animal. Cependant il existe des humains qui eux ne possèdent pas l’immortalité. Pire que cela, ils peuvent même transmettre cette « maladie », appelée RDS, et les personnes infectées ne sont plus capables de se régénérer. C’est pourquoi les porteurs de ce « fléau », les vecteurs, sont traqués et éliminés sans autre forme de procès, la police ayant même le droit de les tuer à vue. Cependant une organisation secrète tente de les protéger, en leur fournissant faux papiers, nouvelles vies et médicaments. En cas de besoin, elle a recours à des exfiltreuses : des professionnelles surentrainées et surarmées qui attaquent de front la police pour protéger les vecteurs. Rin est l’une de celles-ci ; implacable et efficace, elle est le cauchemar des autorités. Mais en temps « normal » elle travaille incognito comme secrétaire pour le lieutenant Kenzaki, chef de l’unité spéciale anti-vecteurs de Tokyo.

Ce manga laisse une drôle d’impression. Le postulat de base est intéressant : cette nouvelle condition de l’Homme a créé un rapport étrange avec le mort. Il n’hésite pas à se tuer pour guérir le moindre mal (même une gueule de bois), les autorités s’ont aucun scrupule à tirer sur leurs collègues ou des civils (quand la situation l’exigent néanmoins), il n’y a plus aucune peur face au danger (sauf la douleur passagère). Comme cette « particularité » est apparue sans aucune raison et reste inexpliquée, les générations sont habituées à cet état de fait et ne font plus d’efforts. Tous les métiers liés au médical sont devenus obsolètes et ont pratiquement disparus, les personnes encore intéressées par cette filière se tournant vers l’animal. Résultat lorsque le RDS est apparu, avec un risque de mort définitive, les autorités ont choisi de ne pas faire de demi-mesure : « extermination » (même si elle se veut la plupart du temps propre) des vecteurs pour éviter la contamination. Le rejet des malades est total, aucun effort n’est fait pour eux, les considérant même comme des animaux et non des humains. Si le danger qu’ils représentent est réel, leur manière de résoudre le problème est assez expéditif. On peut alors comprendre pourquoi une Organisation s’est créée pour protéger les malades du RDS. Vu que le logement, la « reconversion », les papiers, les médicaments, en bref tout est géré, ceci impliquant un grand nombre de personne impliquées ou ayant recours à ces services assez élevé. Il reste cependant un point assez obscur : comment sont détectés les vecteurs ? Leur différence est de ne pas pouvoir ressusciter, mais à ce moment-là il est trop tard. Auraient-ils d’autres signes distinctifs ? De plus l’Organisation a trouvé semble-t-il le moyen de rendre les vecteurs immortels. Une solution existe donc mais pour y avoir accès ces derniers doivent « contaminés » d’autres personnes (au moins 3 en couchant avec elles). L’Organisation n’a donc pas non plus les mains propres vu que pour en sauver certains elle condamne à mort des innocents. De nombreuses questions sont donc en suspens pour un background intéressant. Le problème de ce 1er tome est qu’il est surtout orienté action. A part quelques détails pour poser l’histoire, tout est prétexte à un carnage en règle, les 2 côtés n’y allant pas de main morte (l’attaque sur la voie rapide en étant la parfaite illustration). L’Organisation a un léger avantage car utilisant des techniques presque magiques avec leurs rubans qui semblent bouger tous seuls et avoir une puissance assez énorme. On peut aussi parler de la tenue de Rin dans son rôle d’exfiltreuse : un uniforme scolaire ! Drôle de fantasme vu qu’il semble qu’elle porte un short et que l’on ne voit jamais sous sa jupe (à une exception près). Est-ce pour mieux tromper ses adversaires, pour la faire paraitre plus jeune qu’elle n’est ? Est-ce que cela fait parti de sa tenue de camouflage, comme son modificateur de voix et les bandeaux qui empêchent d’avoir des photos de son visage. Cependant sa personnalité n’est pas très travaillée, se considérant elle-même comme un chien. Nous avons donc une idée de base bien précise, un monde construit avec de nouvelles règles, permettant un développement intéressant. Mais pour le moment tout est centré sur plusieurs personnages à peine effleurés avec un peu d’explications et beaucoup d’actions violentes. A propos de ces dernières, il y a le fait du sang qui disparait lors de la résurrection des humains « normaux » : facilité scénaristique, lié à la paresse (autre incompréhension comme le pourquoi de l’immortalité) ou une vraie raison est-elle cachée (présence de sang après la résurrection d’un transformé de l’Organisation) ? Au final la réalisation est correcte même si les combats sont un peu brouillon, les personnages variés bien que peu développés encore, il y a une certaine marge de progression scénaristique. Ce 1er tome est loin d’être parfait mais attendons de voir comment l’ensemble va évoluer.

Fabrice Docher

IMMORTAL HOUNDS volume 1 de Ryo YASOHACHI (2014)

Fantastique / thriller / violence, Japon, Editions Ki-oon Seinen, octobre 2016, 206 pages, livre broché 7.90 euros

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