Dans ce coffret, deux films de Norifumi Suzuki. Jeune, la belle Ocho est témoin de l’assassinat de son père, et va grandir avec le seul espoir de tuer les responsables, n’ayant pour indices que trois cartes indiquées par le défunt lors de son agonie. Elle mène une vie de pickpocket et rencontre un anarchiste en fuite qui va l’amener sur le chemin de sa vengeance, la reliant indirectement aux assassins de son père. Il ne reste plus qu’à les éliminer, un par un. Tel est le postulat de SEX AND FURY.
Dans CARESSES SOUS UN KIMONO, le prince de Korashima, qui n’a jamais approché une femme, se voit obligé, pour raison de haute politique, d’épouser la princesse d’une province lointaine. La nuit de noces est un fiasco. Les ministres, qui craignent la colère de la jeune mariée et la rupture du pacte d’alliance, envoient l’époux inexpérimenté pour trois jours dans une maison close. Mais c’est la révélation et il revient, en vrai libertin.
Commençons par du sexe et de la fureur.
Oui, la vengeance est un plat qui se mange froid selon la formule consacrée.
Tout comme le film de Suzuki. Froid, mais en plus profondément ennuyeux et terriblement vieillot dans sa forme cinématographique.
Si au cours de la période 71-73, Norifumi Suzuki se fit le chantre de la vague psychédélique pinky violence made in Toei (1) alors oui, certains amateurs de sang qui gicle, de bondage et de sabre cinémascopé tranchant des membres y trouveront peut-être leur compte.
Mais pas moi.
Suzuki se plait à dérégler son récit d’intermèdes provocateurs et détails saugrenus mais au final le film est une espèce de « bazar seventies » avec tous les ingrédients de l’époque. Une caméra branlante, des zooms grossiers et répétitifs (n’est pas Sergio Leone qui veut !) un scénario simpliste , des acteurs décevants, une musique années 70 anachronique (l’action est censée se situer au début du XXe siècle), le film devient progressivement lourd et engendre une lecture avec des baisses de régime tout au long de son déroulement.
Néanmoins, avec la superbe plastique de la femme yakuza vengeresse, experte en jeu de cartes, on comprendra que la thématique érotique est la vraie raison d’être du film, comme une sorte de piment exotique. De beaux efforts de costumes et de tatouage sont à retenir dans la première demi-heure. Mais malheureusement, patatra avec l’apparition parfaitement ridicule de l’actrice Christina Lindberg tout droit venue de Suède.
A part deux ou trois idées scéniques, notamment à la fin du film, le combat sous la neige, repris par Quentin Tarantino dans « Kill Bill » il n’y a pas grand chose à se mettre sous le sabre.
La fin de cette chronique restera quand même positive avec unn coup de chapeau pour le beau travail de réédition du DVD avec une copie proposée dans son format scope d’origine, tiré du négatif original pour la remasterisation.
Passons rapidement au 2e opus : Caresses sous un kimono que certains spécialistes considèrent comme la « quintessence du film érotique en costumes ». Réalisé un an avant « SEX AND FURY » en 1972, c’est la période où la célèbre maison de production Toei se tourne vers ce genre appelé le « pinku eiga » et produit des films à teneur plus ou moins érotique.
Norifumi Suzuki va donc réaliser plusieurs films en mettant en scène des groupes de filles. En trois ans, il réalisera neuf films de genre souvent avec le même canevas, le même casting et surtout la même rapidité débouchant sur un bâclage total dans la mise en scène. On retrouve dans ce film toujours les mêmes défauts dans la réalisation, les zooms grossiers, la pauvreté du jeu des comédiens, les poncifs scénaristiques réguliers.
Ne parlons pas de la musique seventies complètement ringarde et décalée par rapport à la situation historique évoquée. Suzuki nous refait le « même coup » que dans SEX AND FURY en donnant cette fois-ci un rôle important à une comédienne française Sandra Julien, connue à l’époque pour ses apparitions d’une très « grande portée esthétique » dans des films érotiques et d’épouvante. Il nous reste peut-être à garder en mémoire certains beaux plans en scope, bien aérés et enrichis par des costumes et des décors qui nous font oublier toute la pauvreté artistique. De très beaux kimonos certes, mais sans les caresses.
(1) La Toei fût une célèbre entreprise japonaise de production de films et de télévision couvrant également la distribution de films. Le nom “Toei” provient de la contraction “Tokyo Eiga Haikyu” (Tokyo Film Distribution Company; le nom initial de l’entreprise).
Acteurs : Reiko Ike, Akemi Negishi, Christina Lindberg, Sandra Julien
Éditeur : Metropolitan Film & Video
Pays : Japon